Semiramis, un opéra de Rossini, est une histoire de pouvoir et de passion. Pierre-Emmanuel Rousseau, metteur en scène, a souhaité la raconter dans la ville de New York dans les années 1980. Cette dernière production lyrique de l’Opéra de Normandie Rouen est présentée du 10 au 14 juin au Théâtre des Arts.
Il y a une certaine affinité entre le compositeur et le metteur en scène. Depuis plusieurs saisons, Pierre-Emmanuel Rousseau plonge régulièrement dans l’œuvre de Gioachino Rossini (1792-1868). Il y a eu Le Comte d’Ory, Le Barbier de Séville, Tancrède. Lors de cette saison qui s’achève à l’Opéra de Normandie Rouen, il met en scène Semiramis, une pièce présentée la toute première fois le 3 février 1823 à La Fenice à Venise, la dernière composée par Rossini en Italie avant son installation définitive en France.
Pour Pierre-Emmanuel Rousseau, Semiramis, écrit aussi sur un livret de Gaetano Rossi, est « le pendant de Tancrède. Ce sont deux tragédies inspirées des œuvres de Voltaire. Semiramis est différent de Tancrède dans la forme, dans le langage développé mais Rossini garde des similitudes dans la narration ». Pour rappeler ce lien entre les deux productions lyriques, le metteur en scène a gardé le plus grand élément de décor de Tancrède, « comme une citation », et les couleurs noire et or.
Les années 1980
En revanche, Pierre-Emmanuel Rousseau a opté pour une toute autre esthétique. Tancrède se déroulait dans un décor médiéval. Semiramis est transposé dans la ville de New York de la décennie 1980. « Je me suis inspiré du film Les Prédateurs où Catherine Deneuve et David Bowie forment un couple de vampires. Quand j’ai commencé à travaillé sur l’opéra de Rossini, j’avais cette image qui m’obsédait. J’ai ensuite déroulé le fil », explique le metteur en scène.
Semiramis, reine de Babylone, veut régner seule. Avec la complicité du prince Assur, elle empoisonne son mari, le roi Ninus. Au moment où elle décide de se remarier, elle choisit non pas Assur mais Arsace qui est en fait son fils, Ninias, qu’elle croyait mort. Le père avait en effet fait disparaitre cet enfant pour le protéger de sa mère meurtrière.
Ne pas être dans la caricature
Pierre-Emmanuel Rousseau a voulu « redonner de l’humanité à Semiramis », interprété par Karine Deshayes. « Dire que ce personnage est un monstre froid est très réducteur et caricatural. Je veux toujours donner la chance aux personnages. Pour avoir le pouvoir, elle a en effet le meurtre facile mais elle a vécu dans le deuil. Quand elle réalise le possible inceste, il y a une révélation de l’horreur. Elle comprend qu’on lui a volé son enfant. Cela ne peut être qu’une douleur intime et forte ». Même sentiment pour Arsace (Franco Fagioli) : « lui retrouve sa mère et comprend aussi qu’on lui a volé sa vie. Quand il revient à Babylone, il sait qu’il a des comptes à régler ».
Interprété par l’orchestre de l’Opéra de Normandie Rouen, dirigé par Valentina Peleggi, Semiramis est un mélodrame tragique qui offre notamment de magnifiques duos. Pour Pierre-Emmanuel Rousseau, « la plus belle scène est la révélation de l’inceste. On donne une lettre à Semiramis. Comme elle ne peut la lire à voix haute, Rossini écrit une plage musicale sublime ». Rossini a écrit une partition virtuose où s’exprime une large palette de sentiments.
Infos pratiques
- Mardi 10 et jeudi 12 juin à 19 heures, samedi 14 juin à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen
- Durée : 3h30
- Prêt de gilets vibrants mardi 10 juin, spectacle en audio description jeudi 12 juin
- Tarifs : de 85 à 10 €
- Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr
- Aller à l’opéra en transport en commun avec le réseau Astuce