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Christian-Pierre La Marca : « avec Bach, il faut atteindre une forme de pureté dans le jeu »

Il fait partie des solistes remplis de talents qui aiment se promener dans des répertoires variés. Christian-Pierre La Marca en révèle toute la profondeur et la poésie dans un jeu délicat. Pour le festival des Musicales de Normandie, le violoncelliste interprète deux Suites de Bach (1685-1750), Le Chant des oiseaux de Casals (1876-1973) et la Suite populaire de Cassadó (1897-1966) vendredi 9 août au musée Michel-Ciry à Varengeville-sur-Mer. Interview.

Est-ce que les Suites pour violoncelle n°1 et n°2 de Bach sont des pages singulières de l’histoire de la musique ?

Pour les violoncellistes, c’est la bible. On peut même y voir une symbolique propre et personnelle. Les Suites accompagnent toute la carrière d’un instrumentiste. C’est une sorte de parcours initiatique, une montagne que chaque violoncelliste gravit année après année. Ces musiques-là, on les découvre jour après jour. C’est ce qui en fait un chef-d’œuvre. Dans ces Suites, il y a peu de matière harmonique et mélodique. Comme toutes les choses les plus fines. Plus elles sont simples, plus il est nécessaire d’en trouver la substance. Cela laisse l’artiste face à lui-même. Il doit trouver la solution et c’est un vrai challenge.

Comment abordez-vous ces partitions à chaque fois ?

Ces partitions m’accompagne, enrichissent ma vie. Avec le temps, je pense que je deviens de moins en moins démonstratif. J’ai l’impression d’avoir compris la structure des pièces. Je tends vers une forme de simplicité tout en essayant de dévoiler leurs caractéristiques. Les Suites de Bach sont une succession de prélude et de cinq danses qui ont une origine particulière. C’est intéressant de faire ressortir cela. Il y a un folklore à respecter. Il y des danses d’origines italiennes et sud-américaines. Chacune a son histoire et un message qui lui est propre. Comme Bach était très croyant, sa musique est reliée à l’Au-Delà. C’est aussi une forme à respecter. Au fil des interprétations, je tends vers une plénitude.

Quand avez-vous joué pour la première fois les Suites de Bach ?

Je les ai jouées quand j’ai appris le violoncelle. J’étais tout jeune. Avec le violoncelle, on passe par un apprentissage un peu laborieux. Un petit extrait de Bach m’avait procuré de vivres émotions. Jouer Bach, c’est comme une récompense par rapport au travail demandé. C’est toujours le cas. Je travaille ce compositeur tous les jours. Avec Bach, il faut atteindre une forme de pureté dans le jeu. Pour l’obtenir, il faut jouer encore et encore et la tenir.

https://www.youtube.com/watch?v=jVdRDcc8eo0

Quels liens établissez-vous entre les Suites de Bach et les œuvres de Casals et Cassadó ?

J’ai une grande admiration pour Casals. Pas seulement pour le violoncelliste mais aussi pour l’homme. C’était une personne très engagée. C’est une forme de modèle pour moi. Il n’est pas pour fin dans mon choix pour le violoncelle. Tout comme Rostropovitch. Je me souviens bien de cette image : lui en train de jouer devant le Mur de Berlin. J’aime quand l’artiste reprend sa place dans la société, quand il s’inscrit dans le débat sociétal. Casals est un homme de paix qui a légué ses royalties à des gens qu’il protégeait contre la dictature de Franco. Casals est aussi le musicien qui a redécouvert les Suites de Bach et les a fait redécouvrir dans les années 1925. Il en a laissé les premières traces audio. J’ai trouvé intéressant d’ajouter un chant de pais, un hommage à la nature.

Et Cassadó ?

Il a été l’élève de Casals. Cette sonate avec ses accents hispaniques est magnifique. Nous ne sommes pas dans le même esprit que les œuvres précédents. Sa musique est plus festive. Elle est à l’image de son pays.

Vous avez donné un concert pour la sauvegarde de la planète. Vous avez créé un festival. Est-ce la musique qui vous a amené à ces engagements ?

Je ne sais pas si c’est la musique. Je travaille beaucoup, beaucoup. J’arrive à un stade de ma carrière où le calendrier de concerts est bien établi. Je voyage beaucoup. J’ai aussi envie de faire des choses pour les autres, d’être en phase avec ce que je suis. Une fois dans l’année, je donne mon temps pour une cause. Agir me rend tellement heureux. Je prends ma place dans le débat, certes à mon humble niveau. Je n’ai aucune vocation à être moralisateur. Je veux sensibiliser les gens par le beau, l’art. Ce qui est beaucoup plus fédérateur.

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