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David Kadouch : « Dans ce concerto, Beethoven écrit pour un piano démiurge »

Au répertoire de ce concert aux ambiances romantiques, il y a l’ouverture des Hébrides et la symphonie n°5 Réformation de Mendelssohn. Autre chef-d’œuvre : le concerto pour piano n°5 L’Empereur de Beethoven qu’interprète David Kadouch, accompagné par l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dirigé par Pierre Bleuse. Entretien avec le pianiste.

Dans ce concerto pour piano de Beethoven, il y a diverses indications avec des termes comme Victoire, À L’Assaut… Y a-t-il un rapport de force entre le piano et l’orchestre ?

Dans les concertos, c’est toujours un peu le cas mais ce sont des rapports de force bénéfiques. Dans cette œuvre de Beethoven, le piano entre dans une cadence dès le début. On a un instrument un peu en roi. Il est vraiment très présent. Cela se fait dans la douceur et aussi dans des accès de fureur.

Comment travaillez-vous ce concerto ?

C’est une œuvre d’une durée assez longue avec beaucoup de morceaux de bravoure. À l’écoute, il ne faut pas être lourd ou proposer un moment héroïque. Il est préférable de voir ce concerto dans son intégralité parce qu’il comporte beaucoup de légèreté, parle avec tendresse. J’appréhende cette pièce en ayant tous ces éléments dans la tête. Beethoven tient un discours dans sa partition. Il joue avec le piano et l’orchestre. 

Depuis combien de temps ce concerto est-il à votre répertoire ?

Il est à mon répertoire depuis pas mal d’années maintenant. C’est une musique avec laquelle je vis. Je l’aime beaucoup. Au fil des années, ma vision de l’œuvre change. Plus jeune, j’en avais une vision plus fragmentée. Aujourd’hui, elle a davantage une certaine rondeur. C’est une pièce assez réfléchie d’un génie absolu. Je prends un grand plaisir à l’interpréter.

Quand l’avez-vous entendue pour la première fois ?

La première fois, j’ai entendu le deuxième mouvement. J’avais 10 ans. C’était sur un petit disque que j’avais eu dans un magazine. Je me souviens avoir été complètement ébahi. J’avais une image en tête : c’était comme si je regardais au loin une chose que je ne comprenais pas bien sur moi-même. Pendant mon adolescence, j’ai travaillé le concerto de Beethoven pour des concours. Il est très passionnant. Beethoven évoque l’histoire, les batailles que l’on doit livrer dans une vie et que l’on doit se livrer à soi-même pour rester vivant, humain ou encore artiste, pour défendre des valeurs.

Est-ce une métaphore de la vie ?

Oui, c’est tout le parcours d’une vie, une expérience humaine riche. Beethoven célèbre la victoire. Il y a des gens qui dansent, des mouchoirs qui s’agitent. C’est une œuvre qui saute à la gorge. Et il n’y a pas besoin de tout savoir sur l’histoire du concerto pour l’apprécier. L’émotion est immédiate. Je pense qu’elle est une des plus belles pages de la musique.

Quelle est sa particularité ?

Sa tonalité est rayonnante. Elle est en mi bémol majeur. Elle est une lumière particulière. C’est une musique universelle, remplie d’espoir. Le piano prend des dimensions jusqu’alors insoupçonnées. Dans ce concerto, Beethoven écrit pour un piano omniprésent, démiurge, presque comme un dieu.

Est-ce une œuvre physique ?

Oui, c’est une œuvre très physique qui demande beaucoup à l’interprète. Qui dit bataille, dit une tenue du tempo, une résistance rythmique de tous les instants. Elle réclame de la concentration. Il faut être à l’écoute de soi mais pas s’abandonner. Tous les moments doivent rester vivants et me surprendre.

Infos pratiques

  • Vendredi 24 janvier à 20 heures, samedi 25 janvier à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen.
  • Tarifs : de 32 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr

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