La confusion générale : c’est la thématique de ces Rendez-vous de la cervelle 2022. Elle arrive comme une évidence en ces temps troubles et tourmentés. Avec Le Nom du titre, Fabienne Quéméneur, la désordonnatrice, retrouve Fred Tousch, le plaisantateur, et un invité pour ces moments d’échange, d’interrogation, de réflexion et d’amusement chaque dernier lundi du mois. Il sera question de Retour sur des lendemains difficiles avec Sylvain Petit, d’un espoir d’une sortie de la confusion avec Simon Parcot et du Courage de la nuance avec Jean Birnbaum. Entretien avec Fabienne Quéméneur qui a mis de l’ordre dans ses idées.
Cette thématique, la confusion, apparaît logique pour ces nouveaux Rendez-vous de la cervelle. S’est-elle imposée à vous ?
Oui et non. Oui parce qu’une thématique apparaît toujours à un moment donné. Néanmoins, celle-ci a été longue à apparaître. Cette année a été particulière, difficile dans le monde du spectacle. Beaucoup de choses se sont faites, défaites, refaites. Quand je suis allée consulter les proches des Rendez-vous de la cervelle, les conversations partaient dans tous les sens. Les questionnements étaient disparates. Et tous les jours, je changeais d’avis. Un jour, je me suis dit : nous sommes dans un brouillard épais, dans un état de confusion générale.
Est-ce véritablement le caractère de cette époque ?
Dans l’histoire, la confusion générale a été fréquente. Notre professeur d’histoire, Sylvain Petit, va revenir là-dessus. Les catastrophes, les épidémies, les guerres provoquent des désorientations, des tensions… Ce que l’on ressent, ce sont des clivages. On pourrait dire : on ne sait plus à quel saint se vouer. Certains préfèrent se mettre la tête dans le sable, d’autres durcissent leur position. On va observer l’état mental d’une société.
De quelle confusion souhaitez-vous parler ?
On va essayer d’aborder ce qui provoque la confusion. Tout d’abord de manière plus contemporaine dans nos rapports narcissiques, ceux avec les algorithmes, sur nos perceptions du réel, notre lien à la nature et aux non-humains.
Est-ce qu’il fait qu’il est parfois difficile de se parler, de s’écouter ou de s’entendre ?
Il m’a semblé qu’il y ait de la confusion même à l’intérieur de soi, dans notre entourage. Lors du deuxième Rendez-vous, nous allons aborder la confusion géographique. Nous avons redéfini des perceptions par rapport à chez soi, à notre espace domestique. L’espace public a été vidé de son sens, de ses liens, de ses repères.
Est-ce que la confusion peut aussi s’expliquer par une certaine paresse intellectuelle ?
Il y a deux choses qui me semblent intéressantes à observer. Nous avons un cerveau multi tâches. Avec nos modes de vie, nous devons faire 10 milliards de choses en même temps. Cela génère du stress et fracture notre cervelle. Notre mémoire vive est en train de saturer. Il faut inviter à la lenteur. Par ailleurs, nous sommes dans ce biais cognitif qui consiste à recevoir des informations venant conforter nos idées. Et ce, à cause des algorithmes. Alors, on se recroqueville sur soi-même. Ce n’est pas de la paresse. Il y a une partie qui donne le sens des choses et l’autre qui se révèle être le fast-food de la pensée.
La philosophie est-elle alors un guide comme le laisse supposer le titre du deuxième Rendez-vous ?
C’est un titre un peu joyeux. Nous allons essayer de nous mettre dans une pensée. Non pas pour apporter des réponses. La philosophie n’est pas faite pour cela mais pour ouvrir des questions. Nous allons croiser les disciplines et introduire le courage de la nuance.
Infos pratiques
- Lundi 31 janvier à 19h30 au centre André-Malraux à Rouen : Retour sur des lendemains difficiles avec Sylvain Petit, historien
- Lundi 28 février à 19h30 à l’Atelier 231 à Sotteville-lès-Rouen : Sortir de la confusion : vite de la philo avec Simon Parcot, philosophe et poète des sentiers
- Lundi 28 mars à 19h30 à la Halle aux toiles à Rouen : Le Courage de la nuance avec Jean Birnbaum, auteur et directeur du Monde des livres
- Entrée libre et gratuite
- Renseignements au 02 32 08 13 90
- photo : Cécile Raoulas
