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Miossec au Tetris : la musique, « c’est aussi dangereux que le sport »

photo Yann Orhan
photo Yann Orhan

Il y a eu une mini tournée improvisée dans de petites salles, puis l’enregistrement d’un nouvel album. Mammifères est un disque aux multiples couleurs musicales dans lequel on retrouve toute la poésie, la mélancolie, la fragilité de Christophe Miossec. La vie déroule son fil et de fins rayons de soleil apparaissent dans les titres de Mammifères, sorti en mai 2016. Miossec chante vendredi 16 décembre au Tetris au Havre.

 

Vous venez au Havre, une ville pour laquelle vous avez toujours des mots chaleureux. Jamais pour Rouen. Pourquoi ?

C’est de la solidarité brestoise… On se retrouve dans de vieilles querelles de clochers entre Rouen et Le Havre. C’est comme entre Saint-Nazaire et Lorient. Je trouve qu’il y a des traits humains comparables dans ces villes portuaires. De plus, nous avons un Havrais dans le groupe, Thomas Schaettel.

 

Avec cet album, Mammifères, c’est une carrière qui se poursuit depuis plus de vingt ans.

A la surprise générale et à la mienne en particulier… La musique, c’est tellement mystérieux. Il est difficile de dire pourquoi un artiste continue à sortir des albums, à donner des concerts et pourquoi d’autres sont obligés de tout arrêter. Je n’ai pas vraiment d’explication à tout cela.

 

Les albums, les chansons, ce sont des instants particuliers, des envies particulières ?

Oui, ce sont des envies particulières. Parfois, elles arrivent de manière instinctive. Parfois, elles sont plus réfléchies. Au bout d’un moment, c’est intégralement physique. C ‘est pour cela que c’est dangereux. Cela provoque le trac et crée une accoutumance. Le corps est en attente de cela. C’est aussi dangereux que le sport.

 

 

Est-ce qu’il y a des chansons que vous n’avez plus envie de chanter ?

Oui, il y en a et je m’arrange toujours pour ne pas les chanter. C’est une question de cohérence avec ce que l’on est à un moment. C’est très important d’être cohérent. D’autre part, je n’aime pas les compromis.

 

Vous n’avez jamais fait de compromis ?

Si mais pas pour les choses essentielles.

 

Est-ce que vous avez craint ou vous craignez l’instauration d’automatismes dans l’écriture ?

Oui et il faut les combattre. Ce sont d’ailleurs des combats quotidiens. Au fil des années, ils deviennent de plus en plus difficiles parce que le champ des possibles se réduit. Il faut trouver des sujets, des idées de texte. Il faut se creuser la gnognotte.

 

Chaque album est une remise en cause ?

Tout à fait et j’attends le moment où tout va s’écrouler, où je vais radoter. A chaque disque, je serre les fesses. C’est essentiel de ne pas redire la même chose.

 

Est-ce que les différentes collaborations vous aident à ne pas radoter ?

Oui, ça m’aide. Grâce aux collaborations, je fais un autre métier. Celui de parolier. Je suis en position d’artisan. Je me mets au service de quelqu’un. Il faut alors changer de dictionnaire parce qu’il faut écrire pour une personne qui n’utilise pas le même registre que vous. Il est important d’être au plus juste.

 

Vous parlez de métier. Vous avez été journaliste. Quel regard portez-vous sur cette profession très décriée aujourd’hui ?

Je trouve cela dramatique. Ne plus croire un journaliste correspond à l’effondrement d’une colonne vertébrale. S’informer seulement sur Facebook, c’est dangereux. Je lis les journaux toujours de la même manière. Cela fait partie de ma journée.

 

  • Vendredi 16 décembre à 20h30 au Tetris au Havre. Tarifs : de 20 à 15 €. Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur http://letetris.fr
  • Première partie : Ladylike Lily