Un Molière pour Emmanuel Noblet

Emmanuel Noblet a été récompensé lundi 29 mai lors de la 29e Nuit des Molière. Le comédien rouennais a décroché une statuette pour son seul en scène, Réparer Les vivants, un succès depuis presque deux ans.

 

« Quelle histoire ! » Emmanuel Noblet ne cesse de répéter ces deux mots depuis lundi 29 mai. Date à laquelle il a reçu le Molière du Seul en scène. « J’étais assez détendu pendant la cérémonie. Quand on m’a appelé, je n’étais pas vraiment certain que c’était moi. Après, je ne lie souviens plus. Je ne sais plus ce que j’ai dit. D’autant qu’il y avait des bruits parasites ». Le Molière est une belle récompense pour ce comédien et metteur en scène rouennais qui enchaîne les succès avec Réparer Les Vivants, une magnifique adaptation du roman de Maylis de Kérangal. Depuis la création, en juillet 2015 au festival d’Avignon, il a joué ce spectacle, porté par le CDN de Normandie Rouen, 186 fois. Une centaine de dates sont encore programmées la saison prochaine. Et toujours pas de lassitude. « La partition est tellement dingue. J’aime tellement tout ce qui est dit dans ce texte. Et, seul sur scène, il faut sauver sa peau. A chaque représentation, je suis obligé d’être à fond ».

Alors le Molière ? Emmanuel Noblet savoure cette reconnaissance mais « c’est un accident. Le fait de le recevoir procure une joie immense. Ce spectacle, Réparer Les Vivants, a beaucoup de sens à tous les niveaux ». L’idée s’est concrétisée au moment de la naissance de son garçon, surtout à une période où le comédien traversait un désert artistique. « J’avais aussi besoin de faire un truc par moi-même ». Emmanuel Noblet découvre le roman de Maylis de Kérangal le jour de sa sortie, le dévore et en écrit une adaptation théâtrale.

Un travail de troupe

Pourtant, « rien ne me prédestinait au théâtre ». Emmanuel Noblet est né à Beauvais, a grandi à Neuf-Marché, est lycéen et étudiant à Rouen. « Après le bac, je ne savais pas trop quoi faire ». Il choisit la fac de Droit. « En tant que citoyen, ça me passionne ». Il y reste cinq ans. « J’étais parti pour une thèse sur le mandat présidentiel de 6 ans ». Emmanuel Noblet commence le théâtre en deuxième année. Il intègre la Troupe de la réplique, se lance dans les matches d’improvisation, dans le café théâtre, rencontre Vincent Delerm. « Je me souviens avoir assisté à son premier concert à la salle Ronsart à Mont-Saint-Aignan où je réglais les lumières ». Il prends des cours avec Nathalie Barrabé, Jean-Marc Talbot, Marie-Hélène Garnier. Le droit prend de moins en moins de place dans la vie d’Emmanuel Noblet. Au profit du théâtre.

Les matches d’impro, « c’est vertigineux, très amusant et excitant ». Mais pas suffisant. Celui qui fut lauréat du premier concours d’éloquence de la fac de Droit avec la question, pour ou contre la poupée Barbie ?, entre au conservatoire de Rouen en 1998. « C’est Anthony Poupard (comédien permanent du Préau, CDN de Vire, ndlr) qui m’a inscrit. Il m’avait dit : à la rentrée, on va au conservatoire ». La rencontre avec le professeur, Maurice Attias, est déterminante. « J’ai compris que ma vie allait être plus intéressante, allait s’accélérer avec des textes de théâtre. Il me fait éprouver des choses plus conséquentes ». Emmanuel Noblet travaille avec Le Chat Foin de Yann Dacosta, joue pour la télévision et le cinéma. La suite ? Le comédien va tourner dans une série à l’automne et espère retrouver le théâtre de troupe.