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« Comme une renaissance »

 

photo J Mignot
photo J Mignot

Franck Monnet s’est éloigné de la France. Il vit désormais sur une île de l’océan Pacifique en Nouvelle-Zélande. Même si huit années séparent les deux derniers albums, Malidor et Waimarama, il n’a jamais rompu les liens avec la musique. Franck Monnet est le parolier de Vanessa Paradis et Claire Diterzi. C’est un voyageur qui prend son temps et incite à faire de même. L’écriture, plus épurée et plus fluide, est posée sur des mélodies légères qui créent des climats intimes. Waimarama raconte ce moment étrange et délicat de l’entre-deux, entre le départ d’un lieu familier et l’arrivée vers un pays inconnu. Franck Monnet est en tournée et joue pour la première fois dans la région . Il est vendredi 14 novembre au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen.

 

 

Quels sentiments éprouvez-vous lorsque vous revenez en France ?

C’est toujours agréable de revoir la famille, les amis, de revoir Paris. Cela reste cependant un drôle de truc. On rentre à la maison mais ce n’est plus la maison. On a l’impression que Paris reste immuable mais beaucoup de choses changent. Les gens changent aussi. C’est comme si j’avais raté un train.

 

Comment le nouvel endroit où vous habitez a influencé cet album ?

Je ne sais pas. Des chansons ont été écrites à Paris, d’autres là-bas. J’étais entre le mal du pays et une grande attente vis-à-vis de la nouvelle vie. Ce qui est surtout intéressant, c’est la transition, le changement d’une vie, les états d’âme. Cela interroge le pourquoi on en est là aujourd’hui.

 

Est-ce un retour vers le passé ?

C’est un gros retour vers le passé. La transition est un sujet inépuisable. C’est un genre de face à face avec soi-même. Nous ne sommes pas des substances abstraites. On affronte ses limites. En même temps, on se projette dans l’avenir. On s’imagine ailleurs, comme peut le faire un enfant. Je trouve ce sujet encore plus pertinent avec notre époque, cette période de crise. Des jeunes quittent l’Europe pour tenter une autre vie.

 

C’est « La Nostalgie du présent » dont vous évoquez dans l’album ?

C’est complètement sous-entendu. Nous avons la mélancolie d’une époque qui s’est déroulée avant elle. Je le raconte aussi dans La Belle Industrie.

 

 

Waimarama donne l’impression d’un album écrit au fil du temps avec la volonté d’une économie de mots.

C’est comme cela que j’aime les choses. J’ai tendu vers cela. Plus on murit son matériau, plus on se rend compte de l’enjeu : trouver le mot juste. Chez les ingénieurs, cela s’appelle le schéma critique. C’est quelque  chose de très particulier d’essayer de dire les choses avec des ellipses. C’est ce que j’aime chez Souchon et Ferré.

 

Il y a beaucoup de contemplation dans cet album. Est-ce votre nouveau lieu de vie qui vous y invite ?

En effet, il y a de la contemplation. Ce pays se prête beaucoup à cela. C’est un endroit extraordinairement beau qui permet de profiter de son environnement. Cela correspond à une forme d’écriture. Ce nouvel album est comme une renaissance. C’est troublant de renaître lorsque l’on a 40 ans.

 

  • Vendredi 14 novembre à 20h30 au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Tarifs : de 16 à 8 €. Réservation au 02 35 73 95 15 ou sur www.trianontransatlantique.com