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Vincent Blanchard : « 10 ans, c’est beaucoup de travail et aucun mauvais souvenir »

Le concert du mardi 7 mai au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly marque le 10e anniversaire de Joad, la sortie d’un nouvel album, rock, Le Banquet des charognards, d’un best-of live et d’un coffret en édition limitée avec l’intégrale en forme de mini flight case. Rien que cela ! Des événements qui arrivent après une nouvelle collaboration avec Alex Lutz pour le film Guy. Si le comédien et réalisateur a reçu le César du meilleur acteur, Vincent Blanchard et Romain Greffe ont décroché le César de la meilleure musique originale. Une récompense méritée tant les deux membres fondateurs de Joad ont vu juste. Retour sur une décennie et un regard sur l’avenir avec Vincent Blanchard. 

Que représentent ces dix années ?

10 ans, ça passe tellement vite. La durée de vie d’un groupe qui ne perce pas ou qui n’a pas de réelle assise professionnelle ne dépasse pas cinq ans. À un moment donné, nous nous sommes rendus compte que Joad ne serait pas un groupe qui nous ferait vivre. Quand cela est accepté, tout va mieux. On n’a plus de pression. On fait les choses comme elles viennent. 10 ans, c’est beaucoup de travail et aucun mauvais souvenir. 

Est-ce qu’il y a eu des moments marquants ?

Oui, il y a eu des moments marquants pour nous. Notamment lors de la dernière Armada en 2013, nous avons fait la première partie de Madness. En février 2015, au Trianon transatlantique (à Sotteville-lès-Rouen, ndlr), nous avons joué devant un vrai public qui connaissait les morceaux. Ce n’était pas des amis ou des gens venus là par hasard. Nous nous sommes dit que le groupe devait avoir un public et des disques dispatchés dans la région. Tout cela est long à venir. Nous n’avons pas oublié nos débuts dans les bars.

Comment s’est nourrie votre réflexion sur la musique de Joad pendant ces dix ans ?

Au début, on ne s’est pas posé beaucoup de questions. Nous étions deux, Greg (Fugen, ndlr) à la batterie et moi à la guitare. Nous étions dans la période des White Stripes. Nous avions écrit pas mal de titres. Puis nous avons eu besoin de musiciens, d’arrangements. Nous avons travaillé avec l’Orchestre de L’Écho et ses sections de cuivres et de cordes pour un projet plus acoustique. Cela   a amené une autre couleur à la musique de Joad. Il y a eu ensuite le souhait de revenir à l’essence du groupe, à ce pourquoi nous faisons de la musique. Tout cela n’a pas été beaucoup réfléchi. Ce sont les envies qui ont guidé le travail. Aujourd’hui, nous sommes cinq. Pour le nouvel album, nous avons enregistré ensemble dans la même pièce dans les conditions du live.Le but était de revenir à quelque chose de spontané et cela nous a bien plu. Cela implique d’avoir un groupe qui se connaît bien. Je ne suis pas certain que nous aurions pu le faire avant.

Comment s’est déroulée l’écriture du Banquet des Charognards, un album écrit presque comme une histoire ?

La tracklist suit en fait l’ordre chronologique de l’écriture des titres. La première est bien Je Déclare Le Banquet Ouvert. Cependant, j’écris toujours le texte à la fin. Je commence par la mélodie, l’harmonie, les arrangements. Après je m’inspire de l’ambiance de la chanson pour écrire le texte.

D’où vient cette idée du Banquet des charognards ?

Quand nous avons appris la nomination aux César, commençaient les manifestations des Gilets jaunes. Nous avons vécu cela en même temps. De ma fenêtre je voyais tous les samedis des personnes défiler, d’autres râler parce qu’elles ne pouvaient pas faire les soldes tranquillement. Et j’avais mon César sur la cheminée. Tout cela me paraissait irréel. Pendant une semaine, j’ai tout réécrit. Ce que j’avais pu faire précédemment me semblait hors du temps.

Qui sont les charognards ?

C’est l’ensemble du monde résumé sur la pochette de l’album : deux enfants colombiens qui vont faire les courses dans une décharge alors que volent autour d’eux deux vautours. Les charognards, ce sont les grandes entreprises, les chaînes de télé… Il existe une hiérarchie dans ce monde de part le travail, l’argent… Ce qui est effrayant, c’est qu’un être humain peut profiter de la misère d’un autre. Plus je vieillis, moins je comprends comme tout cela fonctionne.

Composer pour le cinéma, le théâtre est un autre travail ?

Oui, Alex Lutz nous a demandé de travailler sur Le Talent de mes amis, sur le programme Catherine et Liliane. Pour Guy, Alex avait un scénario de 16 pages. Le reste était dans sa tête. Nous lui avons fait confiance. C’est un travail passionnant. Pour le premier film, nous n’avions pas une si grande liberté. Alex avait ses envies. Pour Guy, nous devions composer cinq tubes chantés entre 1960 et 1985. Avec lui, nous allons de surprise en surprise. Nous avons écrit des chansons, participé au film. Nous avons été invités à des festivals, à des avant-premières. Quand on a goûté à cela, on n’a pas envie que ça s’arrête.

Pour Guy, les contraintes étaient fortes. Vous aviez une époque, donc un style à respecter.

Comme nous avions un cadre, nous avons beaucoup étudié la psychologie du personnage. En fait, nous nous sommes demandés qui aurait été cet homme-là, ce qu’il pouvait être dans l’industrie de la musique dans les années 1980. Nous avons aussi écouté des vieilles chansons, étudié le son, la technologie, la manière de faire de l’époque. Cela a été un exercice amusant et une bonne leçon. Quand on écoute ces tubes des années 1960 à 1980, on se rend compte que les musiciens étaient des monstres. Oui, ce fut une bonne leçon de réapprentissage de choses que l’on a l’impression de connaître par cœur. Cela donne envie de retourner à ce genre de choses.

Infos pratiques

  • Mardi 7 mai à 20 heures au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly.
  • Tarifs : de 20 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 68 48 91 ou sur www.dullin-voltaire.com

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