Les Amazones d’Afrique, toujours militantes

photo : Karen Pauline Biswell

Avec elles, la lutte se fait aussi en musique. Les Amazones d’Afrique militent depuis plusieurs années pour le droit des femmes. Après République Amazone, elles reviennent avec un nouvel album puissant, Amazones Power, et seront mardi 9 novembre à la salle Louis-Jouvet à Rouen avec L’Étincelle et le festival Chants d’Elles.

Fafa Ruffino est une des Amazones d’Afrique. Un groupe panafricain d’artistes de plusieurs générations, lancé en 2014, qui s’élèvent contre les violences faites aux femmes et luttent pour leurs libertés. Avec un tel nom, ces voix rendent hommage à ces guerrières courageuses et au groupe avant-gardiste des années 1960, Les Amazones de Guinée. C’est de manière naturelle et évidente que Fafa Ruffino a intégré ce collectif.

« Chez moi, on a du caractère. J’ai grandi avec des femmes fortes, non soumises, même hors normes. J’ai été élevée par ma grand-mère, la mère de mon père, qui était guinéenne. Elle était très engagée et me répétait : une fille doit savoir s’exprimer et dire ce qu’elle pense. Ma mère est aussi une combattante pour les droits. Elle a fondé une association contre l’excision ». La grand-mère de Fafa Ruffino tient également une place importante quand l’artiste évoque le chant. « Elle était une chanteuse de gospel. Je me souviens : il y avait chez elle une Gramophone. On écoutait souvent de la musique, des disques de James Brown, même d’Édith Piaf. Je chantais avec elle et mon frère. Elle nous a appris très tôt les harmonies. J’ai fait ma première scène à 13 ou 14 ans lors de ses obsèques. J’ai repris tout son répertoire ».

Pour Fafa Ruffino qui sera avec Mamani Keita et Kandy Guira à L’Étincelle, le chant est associé aux combats. Quand il s’agit des droits des femmes, « les violons ne servent à rien. Il vaut mieux prendre la trompette ». Avec deux albums, tels des manifestes, République Amazone et Amazones Power, ces voix internationales se font entendre en plusieurs langues et à l’unisson avec force contre la misogynie, les violences, le mariage forcé, les emprisonnements, l’impunité. Elles combattent pour une éducation et revendiquent leur féminisme, leur indépendance. « Avec la chanson, on peut parler de sujets sensibles sans heurter. Tout est imagé ».

Ces Amazones d’Afrique ne sont pas parties dans « une guerre contre les hommes. Nous voulons juste leur faire comprendre les choses. Nous voulons aussi une prise de conscience de toutes les femmes qui sont des Amazones. Elles sont des battantes. La plupart ignorent qu’elles ont une force incroyable pour supporter cette vie infernale ».

Désormais, « le combat est lancé » avec ces différents titres aux couleurs pop, mandingue, electro. Ces Amazones viennent briser un silence et font de la musique un vecteur, néanmoins joyeux, de sujets douloureux.

Infos pratiques

  • Mardi 9 novembre à 20 heures à la salle Louis-Jouvet à Rouen
  • Durée : 1h10
  • Tarifs : de 19,50 à 3 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr
  • photo : Karen Pauline Biwswell