/

Œdipe démêle les fils de sa vie

photo : Vincent Muteau

Camille Trouvé et Brice Berthoud, les fondateurs des Anges au plafond arrivés à la direction du CDN de Normandie-Rouen, poursuivent leur exploration des figures mythiques. Après une magnifique Antigone de papier, voilà Au Fil d’Œdipe. Brice Berthoud narre la traversée de cet homme qui ne parvient pas à échapper à son destin du 22 au 24 mars au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly.

L’histoire était écrite. Œdipe tuera son père, Laïos, et épousera sa mère, Jocaste. Il deviendra aussi un roi de Thèbes heureux entre son épouse et ses quatre enfants, Etéocle, Polynice, Antigone et Ismène. Jusqu’à ce que la peste fasse son entrée dans la ville. Quand Œdipe apprend que l’épidémie prendra fin au moment où le meurtre de Laïos sera vengé, il part en quête de vérité. Celle-ci sera évidemment douloureuse. Jocaste se donnera alors la mort. Après s’être crevé les yeux, Œdipe s’enfuira.

Qui est véritablement Œdipe ? « J’en ai seulement une très vague idée, confie Brice Berthoud. Le plus important est davantage la traversée que l’idée de trouver une résolution à tout mythe. Œdipe se cherche. Il cherche la vérité que tout le monde cache. Cette quête est à réinterroger sans cesse. C’est très intime, la vérité, parce qu’elle est cet endroit où on est soi-même avec les autres ». Œdipe fait ce chemin depuis son abandon par ses parents pour trouver son identité et être face à son tragique destin.

En lutte

Dans son adaptation, mise en scène par Camille Trouvé, Brice Berthoud fait d’Œdipe, un personnage schizophrène. Il y a trois Œdipe sur scène : l’enfant délaissé, le roi rempli de gloire, « un honnête homme et un bon père », et l’aveugle sur les routes de l’exil. Il les place sur une sorte de radeau instable. Là, Œdipe doit naviguer. « Sur la mer, on se noie quand on joue avec la force des vagues et on ne peut pas lutter contre les vents. Il faut accepter ce rapport aux éléments ».

Brice Berthoud qui manipule seul toutes les marionnettes à taille humaine a imaginé le dispositif scénique telle « une machine infernale » avec roues, poulies et 4 kilomètres de fil. « Dans cette histoire, tout est lié. Il y a quelque chose d’inéluctable à laquelle Œdipe a essayé d’échapper. Il va alors être en lutte » sur cette embarcation de fortune et dans ces rouages diaboliques. Le public est installé tout autour du radeau et suit l’histoire sous divers angles de vue.

Infos pratiques

  • Mardi 22, mercredi 23 et jeudi 24 mars à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly
  • Durée : 1h20
  • Spectacle à partir de 10 ans
  • Tarifs : 15 €, 10 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr