Les Calamités : « ce sera comme un voyage dans le temps »

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Trois filles et un garçon, ce sont Les Calamités, un groupe de rock culte des années 1980. Caroline Augier, Isabelle Petit, Odile Repolt et Mike Stephens sont vite repérés avec leurs chansons bien ficelées. Il y avait tout pour garantir un succès : des mélodies entêtantes, des textes malicieux, de belles harmonies de voix, des influences des années 1960. Pour les filles, originaires de la Bourgogne, il n’a jamais été question de jouer de la musique toute leur vie. L’aventure des Calamités a commencé en 1982 pour se terminer six ans plus tard. Il reste un album, A Bribe abattue, enregistré à Rouen et sorti chez New Rose en 1984. Cette même année, Les Calamités sont à nouveau à Rouen pour un concert au club Saint-Pierre. Ce vendredi 25 novembre, pour la New Pose Party, retour dans la ville : le groupe se reforme et jouent avec Les Valentino et les Soucoupes violentes au 106 à Rouen lors de la New Rose Party. Entretien avec Odile Repolt, une des Calamités.

Y a-t-il un lien entre l’ennui ressenti pendant l’adolescence et votre volonté de commencer à jouer de la musique ?

Oui, je pense qu’il y a un lien. La musique est une manière de s’occuper. L’adolescence correspond à ce moment où on a envie de faire des choses avec ses amies. Toutes les trois, nous sommes avant tout des copines. Nous étions dans une petite ville de province où il n’y avait pas grand-chose à faire. Nous faisions du sport. À la réflexion, il y avait surtout cette volonté d’être ensemble, de nous amuser et de faire quelque chose de différent.

Écoutiez-vous beaucoup de musique ?

Nous écoutions surtout les Beatles. C’était en boucle. Nous faisions partie du fan club. Puis, notre spectre s’est élargi. Au départ, il y a les Beatles parce que mon frère avait reçu en cadeau un coffret à Noël. Le père d’Isabelle écoutait aussi leurs albums. Cette musique nous correspondait et les mélodies étaient très faciles à chanter.

Quand avez-vous commencé à jouer de la musique ?

Je ne me souviens plus. Comme des copines, nous nous retrouvions régulièrement. Nous étions à l’école ensemble. J’ai fait un peu de piano puis est venue l’idée de prendre la guitare. Aucune de nous était guitariste. Nous avions voulu faire comme les garçons. Au lycée, il y avait aussi un grand orchestre qui nous a donné envie de jouer. Quand nous l’avons vu la première année, nous nous sommes dit : l’année prochaine, nous serons sur la scène.

La composition est venue encore plus tard.

Oui, plus tard. Au début, nous faisions des reprises. Lors de la fête du lycée, nous avions joué un morceau des Wings, Cook Of The House. Puis nous avons commencé chacune à écrire des petites chansons avec des textes rigolos. Nous avions compris que, si nous voulions faire de la scène, il fallait composer.

Vous avez beaucoup soigné les harmonies de voix.

La guitare est notre instrument d’accompagnement mais nous n’étions pas de grandes instrumentistes. Quand l(une chantait ce qu’elle avait écrit, les autres cherchaient à se placer sur le morceau, parfois dans les plus graves, à d’autres moments dans les plus aigus. Tout cela est venu en fait naturellement. Dans le groupe, il n’y avait pas de lead. Une chantait et les autres était en chœur derrière et ça tournait.

Vous étiez des filles plutôt espiègles.

Nous avons commencé dans les années 1980. Nous avions 16 ans. C’est vrai que nous ne pouvons pas dire que nous avions une écriture adulte. Les chansons correspondaient à notre âge. Nous étions là pour nous amuser et montrer notre singularité. Il était hors de question d’écrire des textes sérieux. Nous aimions bien les jeux de mots. La première chanson est d’ailleurs une suite de jeux de mots débiles. Heureusement qu’elle n’a pas été enregistrée.

Vous avez joué tout en poursuivant vos études. La musique n’était pas une fin.

Non, pas vraiment. Oui, nous avons continué nos études. Puis, Caroline est partie en Angleterre. Comme elle n’était plus là, l’histoire du groupe s’est arrêtée là. C’était comme ça. Puis, Daniel Chenevez nous a plus tard demandé si nous n’avions pas encore une chanson à enregistrer. Nous avons à ce moment-là ressorti Vélomoteur. Il a fallu écrire en catastrophe une face B. Le groupe n’était plus assemblé et ne composait plus. Du fait du succès, la question s’est posée : faut-il continuer ou pas ? Je me souviens avoir demandé s’il m’était possible de reprendre mes études de médecine après une pause. Ça l’était. Mais Caroline avait fait le choix de rester en Angleterre. Sans elle, Isabelle et moi n’avions pas envie de continuer. Nous étions aussi échaudées par le showbiz. Nous ne ressentions aucune envie d’être professionnelles. Notre but a toujours été de nous amuser et de faire de la musique sans pression. Pour nous, ce n’était pas un métier. Nous ne pouvions pas compter là-dessus pour vivre.

Pourquoi avez-vous choisi le label New Rose ?

C’est surtout un concours de circonstances. Le premier morceau des Calamités s’est retrouvé sur une compilation où figuraient aussi les Snipers. C’était nos copains. Eux étaient chez New Rose et ils nous ont fait de la pub. Par ailleurs, nous connaissions le magasin où nous allions acheter nos disques.

Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’album ?

C’était génial. Ce fut une super expérience. Nous étions venues aux studios SDH à Rouen.

Dominique Laboubée des Dogs a joué sur cet albums.

Nous étions de grandes fans des Dogs. Antoine Masy-Perier qui avait rejoint le groupe est de notre région. C’est d’ailleurs lui qui a écrit les paroles de Je suis une calamité. Dominique est venu nous voir pendant l’enregistrement et il a joué de l’harmonica. Cette période d’enregistrement est un de mes moments préférés. C’était comme partir en vacances avec des amis. Nous cherchions des sons. Nous mettions à plat nos voix. Il y avait une ambiance de colonie de vacances.

Vous venez jouer à Rouen au 106 lors de cette New Rose Party. Que ressentez-vous ?

Alors ça, c’est un sacré défi. Le dernier concert a eu lieu il y a trente-six ans. Ce concert s’est décidé au mois d’août. Nous nous voyons toutes les trois régulièrement, comme des copines. Isabelle et moi étions partantes. Il restait Caroline. Quand Caroline a accepté, nous nous sommes dit : ouah, trop bien ! Nous avons fait une première répétition à Bruxelles, une deuxième en Bourgogne. Pour les voix, ce fut magique parce qu’elles sont toujours là. Pour la technique du jeu, il a fallu vraiment travailler. Nous sommes très stressées mais trop contentes et excitées de donner ce concert. Ce ne sera pas parfait. En revanche, il y aura beaucoup de joie. Nous allons nous amuser. Ce sera comme un voyage dans le temps.

Infos pratiques

  • Vendredi 25 novembre à 19 heures au 106 à Rouen
  • Entrée gratuite
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com