Les beaux ratés de « Dernière »

photo : Laure Delamotte-Legrand

Dernière, le deuxième volet d’un travail sur le vide, est un spectacle qui rate tout le temps. Pourtant, la compagnie PJPP réussit à captiver et à susciter le rire. Le duo sera lundi 28 novembre au Phare, centre chorégraphique national du Havre Normandie, pendant le festival Plein Phare.

Dernière confirme une nouvelle fois tout son talent. Depuis Les Déclinaisons de Navarre, la Compagnie PJPP, le duo formé par Claire Laureau et Nicolas Chaigneau, aiguise une écriture très singulière, fruit d’un sens de l’observation, d’un humour ravageur, de l’autodérision. Sans oublier une gestuelle d’une grande précision nourrie de danse et de théâtre. 

Cette pièce complète la série sur le vide après Les Galets au Tilleul sont plus petits qu’au Havre (ce qui rend la baignade plus agréable). Après la bêtise, les deux interprètes et chorégraphes se penchent sur l’échec. Dans Dernière, ils s’amusent à nouveau de situations anodines pour sublimer l’acte de création. Ils restent justes parce qu’ils touchent l’intime, le sensible et en extraient la part absurde.

Dernière est une suite de magnifiques ratages parce que l’écriture d’un spectacle demeure complexe. Durant la phase de recherche, il faut passer par des moments d’excitation, de désespoir, de colère et multiplier les essais, pas toujours concluants. Quand Nicolas tente un solo et demande à Claire de lancer la musique à un moment précis, c’est l’exaspération. La danseuse s’emmêle les doigts sur le clavier de l’ordinateur et ne parvient jamais à être dans le bon temps. Pas facile non plus de se concentrer quand l’autre « gorgète ». Encore moins simple de garder son sérieux ou son sang-froid lorsque la deuxième, part, avec une grande conviction, dans une idée complètement idiote. Dans Dernière, Claire Laureau et Nicolas Chaigneau sont aussi d’une précision redoutable sur une partition de Bach ou embarquent dans un délire communicatif sur un tube de Mylène Farmer. 

L’humour surgit non seulement des situations mais également de leur jeu. Pas un mot n’est prononcé. Tous les dialogues et autres bruits ont été enregistrés. Claire Laureau et Nicolas Chaigneau évoluent sur une bande son et campent deux personnages très drôles et attachants.

Infos pratiques

  • Lundi 28 novembre à 20 heures au Phare, centre chorégraphique national du Havre Normandie
  • Tarif : 5 €
  • Réservation sur www.lephare-ccn.fr