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Un documentaire chorégraphié pour les 40 ans de Beau Geste

photo : Olivier Bonnet

Beau Geste a 40 ans. Dominique Boivin, un des fondateurs de la compagnie normande, parcourt ces années de création à travers des films et des spectacles. Samedi 10 décembre, au stade Jesse Owens à Val-de-Reuil, il crée un événement chorégraphique avec une centaine d’artistes professionnels et amateurs pour fêter cet anniversaire.

« La création, c’est un éveil et un réveil ». Dominique Boivin reste toujours en alerte. « L’actualité me touche et suscite un désir de survie ». Alors il « invente une petite danse, écrit un texte, fait un dessin… » Le danseur et chorégraphe, à la présence magnétique, fait sienne cette phrase de Picasso : « quand je n’ai plus de bleu, je mets du rouge. J’aime vraiment cette façon d’envisager la création. Comment fait-on avec l’âge et le temps qui passe pour garder un état d’esprit ? Comment rebondit-on dans l’existence ? Comment reste-t-on vivant ? Quand nous sommes jeunes, nous pouvons être insolents avec cela. D’ailleurs, c’est beau, cette insolence de la jeunesse ».

La créativité, les esthétiques, le temps… Dominique Boivin traverse l’aventure artistique de la compagnie Beau Geste qui fête ses 40 ans. Il la raconte dans quatre films — trois sont en cours de montage — qui reviennent sur chaque décennie. Il raconte ses souvenirs dans ce solo, Road Movie, en forme d’autoportrait dansé. Samedi 10 décembre, au stade Jesse Owens à Val-de-Reuil, il retrace l’histoire de la compagnie, fondée avec Christine Erbé et Philippe Priasso, dans une trentaine de « vignettes chorégraphiques d’environ trois minutes. Je parle entre chacune d’elles pour les présenter. C’est comme un documentaire ».

« Une aventure palpitante« 

Retour donc en danse et en musique, avec une troupe d’une centaine de danseuses et danseurs professionnels et amateurs, sur ces quatre décennies. Tout a commencé au centre national de danse contemporaine d’Angers où des élèves suivent l’enseignement d’Alwin Nikolaïs. L’école terminée, ils créent ensemble un collectif et s’installe dans un studio à Darnétal. « C’était une aventure palpitante. Nous pouvions monter des événements iconoclastes, faire deux ou trois créations dans l’année, fabriquer des costumes en papier, créer des revues avec des tableaux de chacun de nous… »

Puis la troupe déménage, arrive au centre Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan pour investir un plateau plus grand et entamer une recherche d’écriture. Dominique Boivin garde un vif souvenir de ces années 1980. « Je n’y mets pas de jugement de valeur mais tout était permis. Comme nous étions en collectif, nous partagions les risques. Et la vision rentable du risque n’était jamais abordée. Nous avons bénéficié du 1% du budget pour la culture. Il y a eu des élans incroyables. C’était un grand laboratoire. C’est ce qui a donné naissance à la danse contemporaine française ».

Changement de décennie et de façon de faire. « Les tableaux Excell entrent en vigueur. Au profit d’une clarté d’une dépense publique, on anéantit un climat de folie. Oui, il fallait mettre un frein parce qu’il y avait des abus avec des créations qui ne se terminaient pas ou ne tournaient pas. Je comprends ce questionnement. Mais il faut parfois dépenser, même dilapider pour obtenir des choses magnifiques ». Beau Geste devient une compagnie, se pose à Val-de-Reuil et Dominique Boivin en prend la direction. Il y a une écriture et un esprit Beau Geste entremêlant inventivité, fantaisie et humour.

Infos pratiques

  • Samedi 10 décembre à 20 heures au stade Jesse Owens à Val-de-Reuil
  • Spectacle gratuit
  • Réservation au 02 32 59 89 45