L’expérience intime d’être juré

photo : Laure Delamotte-Legrand

Pas simple d’être juré d’une cour d’assise. Les personnages, remplis d’une belle humanité, en font l’expérience dans Au Loin les oiseaux, une pièce de théâtre de Manon Ona, délicatement mise en scène par Anne-Sophie-Pauchet. Après la création au Tangram à Évreux, la compagnie Akté poursuit sa tournée dans neuf salles normande.

Sur un écran géant, les prénoms défilent. Les visages aussi. Et les personnalités se dessinent. Toutes et tous ont reçu la même lettre officielle pour devenir juré populaire lors de ce mois de décembre 2015. Elles et ils sont là pour le procès en appel de Jacqueline Sauvage, cette femme, victime de violences conjugales pendant quarante-sept ans, condamnée en première instance après avoir tué son mari en 2012. 

Du groupe de 35 personnes, il en restera que neuf : quatre femmes, quatre hommes et le public. C’est une des forces du texte de Manon Ona et de la mise en scène d’Anne-Sophie Pauchet. Les spectatrices et spectateurs participent malgré eux aux débats. En tournée en Normandie, Au Loin les oiseaux, une création de la compagnie Akté, s’intéresse à une affaire judiciaire, pas le fait divers, pas le procès — juste quelques flashs d’info les rappellent — mais aux multiples réflexions des jurés. C’est le deuxième atout de la pièce.

Une micro-société

Au Loin les oiseaux est une photographie, très pixelisée, d’un groupe représentant une micro-société. Et cette image est belle parce qu’elle est aux couleurs de la générosité, de la bienveillance, d’une grande sensibilité. « Ça ne vous tiraille pas, vous ? », demande Annie. Oui, ça tiraille. Sauf pour deux jurés, pétris de certitudes et pressés d’en finir. Les doutes, les colères et les interrogations envahissent les autres. À la fin, il faudra bien trouver une réponse : Jacqueline Sauvage est certes coupable mais faut-il la condamner ?

Dans cet endroit, tel un espace mental, les réflexions des unes et des autres se confrontent, s’enchainent, s’alimentent. Elles révèlent surtout leurs failles, leurs blessures, leurs contradictions et leurs convictions intimes. Manon Ona a trouvé les mots justes pour décrire cette petite humanité où chaque membre a son langage et son accent. L’autrice questionne là à nouveau les préjugés. Anne-Sophie Pauchet laisse aux comédiens et comédiennes toute la place pour qu’ils expriment la complexité et la richesse des personnalités.

Dans ce spectacle, d’une fine intelligence, un épilogue remonte le fil du temps, remet un fait divers dans un contexte d’attentats, dans la vie des banlieues, dans la bande son d’une époque et dans un tourbillon d’images.

Infos pratiques

  • Mardi 21 novembre à 20h30 au théâtre de Coutances. Tarifs : de 17 à 8,50 €. Réservation au 02 33 76 78 678 ou sur www.theatre-coutances.com
  • Jeudi 23 novembre à 20h30 à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu. Tarifs : 10,60 €, 5,30 €. Réservation au 02 35 36 95 80
  • Mardi 28 novembre à 20 heures, mercredi 29 novembre à 19 heures, jeudi 30 novembre à 20 heures au Volcan au Havre. Tarifs : de 18 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 19 10 20 ou sur www.levolcan.com
  • Jeudi 18 janvier à 19h30 à La Renaissance à Mondeville. Tarifs : de 16 à 8 €. Réservation sur www.larenaissance-mondeville.fr
  • Jeudi 25 janvier à 20 heures à la scène nationale de Dieppe. Tarifs : 19 €, 12 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr
  • Mardi 30 janvier à 20h30 au Trident à Cherbourg-en-Cotentin. Tarifs : de 22 à 10 €. Réservation sur www.trident-scenenationale.com
  • Vendredi 2 février à 20h30 au Passage à Fécamp. Tarifs : 10 €, 8 €. Réservation au 02 35 29 22 81 ou sur www.theatrelepassage.fr
  • Jeudi 4 et vendredi 5 avril à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 10 €, 5 €. Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Mardi 9 avril à 20h30 à Juliobona à Lillebonne. Tarifs : de 20 à 6 €. Réservation au 02 35 38 51 88 ou sur www.juliobona.fr
  • Durée : 1h50