Sa mère est un mystère

Émilie Brisavoine nous offre une odyssée intime avec une maman qui déchire dans tous les sens du terme / Photo : JHR Films

Dix ans après Pauline s’arrache, Émilie Brisavoine continue de nous surprendre avec Maman Déchire,  film très personnel, dans les cinémas dès mercredi 26 février, évoquant une relation mère/fille compliquée.

Si les relations peuvent être limpides et heureuses entre une mère et sa fille, ce serait naïf de croire que c’est toujours le cas. La preuve avec Ma mère déchire, documentaire réalisé par Émilie Brisavoine, dix ans après Pauline s’arrache. Cette fois, la réalisatrice s’attaque au plus grand mystère de l’univers : sa mère. « Quand j’ai fait ce film, j’étais mue par la nécessité implacable d’explorer cette relation avec ma mère parce que je venais d’avoir mon fils et que la maternité vous met devant une espèce de vertige incommensurable avec ce besoin de savoir ce qu’on m’avait transmis et ce que j’allais transmettre… » 

La jeune femme empoigne donc sa caméra pour aller à la rencontre d’une mère avec laquelle elle n’a pas grandi, et nous présente Meaud. Au-delà de la mamie indéniablement géniale, elle retrouve la mère punk, lève le voile sur l’enfant brisée, sans oublier la féministe déterminée. Le spectateur découvre alors une mère qui captive autant qu’elle dérange, une maman qui déchire dans tout les sens du terme et observe cette relation mère/fille au moment où elles tentent de rattraper le temps perdu. 

Une histoire universelle

On apprend ainsi que la mère, basée à Paris, a laissé son fils et sa fille à leur père installé dans le sud de la France. Elle ne les voyait plus et, lorsqu’elle renoue avec eux, le temps de vacances scolaires, Meaud est remariée, elle a deux enfants qu’elle n’hésite pas à confier à Émilie encore toute jeune… Émilie Brisavoine utilise des images d’archives pour évoquer ses doutes, ses craintes, ses enjeux. Caméra au poing, elle filme ceux qui l’entourent, les crises d’angoisse de son frère hypocondriaque, un affrontement intense avec sa mère qui a tout de même accepté de jouer le jeu… « Faire des films, c’est ma manière d’appréhender toutes les questions complexes de la vie, d’explorer les choses ambivalentes, contradictoires, assure Émilie Brisavoine.. Cela me permet de traverser ce qui me fait peur, ce qui me fait mal, ce qui me fait honte, ce qui me fait souffrir. En revanche, je n’avais aucune attente par rapport à la réception du public. »  

Émilie Brisavoine nous propose un voyage intime. Cependant son histoire a beau être très personnelle, elle touchera toutes les mères et toutes les filles, que leurs relations soient sereines ou compliquées. Une belle démonstration de la valeur thérapeutique du cinéma. 

  • Maman déchire d’Émilie Brisavoine (France, 1h20).