Si vous avez besoin d’un « ami » pour piaffer en bonne compagnie, pensez à louer les services de Matthias, il fait le paon — traduire « Peacock » — mieux que personne dans le film de Werner Herzog, dans les salles de cinéma mercredi 18 juin.
En 2020, le réalisateur allemand Werner Herzog présentait Family Romance, LLC, un film inspiré d’une vraie entreprise japonaise proposant des parents de remplacement en location. Aujourd’hui, l’Autrichien Bernhard Wenger va encore plus loin. Dans Peacock, il offre avec MyCompanion, un service de locations d’amis en tout genre. Et dans ce domaine, son héros, Matthias (Albrecht Schuch), est l’un des meilleurs…
Bernhard Wenger signe une comédie décalée et l’on s’amuse à découvrir Matthias en ami cultivé capable d’analyser la musique contemporaine après un concert mondain. On sourit en le voyant jouer le papa pilote de ligne dans la classe d’un fils d’occasion. On commence à s’inquiéter quand il devient le répétiteur d’une dame âgée qui veut apprendre à se disputer avec son mari et ce n’est pas le fils dévoué qui fait un magnifique discours pour son père de circonstance, qui va nous rassurer. On se demande si l’on n’est pas dans un monde de fous… Pourtant, alors que Matthias excelle dans l’exercice du paon qui fait la roue — d’où le titre Peacock — il est beaucoup moins parfait dans la vie réelle. Et ça ne va pas s’arranger lorsque sa petite amie le quitte, lassée par sa lisse attitude.
Dans l’apparence
Côté humour, Bernhard Wenger a choisi le ton pince sans rire qui se glisse partout, dans une mise en scène presque artificielle où tout est beau, rutilant, bien propre, dans la satyre de l’art contemporain qui nous fait penser aux films de Rüben Oslund (The Square, Sans Filtre), dans les dialogues décalés ou piquants et le jeu des acteurs toujours sincères, même dans les situations les plus fausses, en particulier Albrecht Schuch qui parvient à nous faire ressentir de l’empathie pour un Matthias au comportement rigide et égoïste.
Peacock, le premier long-métrage de Bernhard Wenger, présenté à la Semaine de la Critique du festival Venise, nous amène à sourire mais aussi à réfléchir sur notre société où le faux peut prendre le dessus sur le vrai, où l’on donne trop d’importance à l’apparence. Et finalement, on ne peut que compatir pour le pathétique Matthias qui finit par prendre conscience qu’il n’a rien de l’homme idéal qu’il prétend être.
- Peacock de Bernhard Wenger (Autriche, 1h42) avec Albrecht Schuch, Julia Franz Richter, Branko Samarovski…