Kid Francescoli : « j’ai beaucoup été inspiré par Gainsbourg »

photo : Vittorio Bettini

Quand il ne tourne pas, Kid Francescoli passe une grande partie de son temps dans son studio pour « peaufiner le live » ou « travailler sur de nouveaux morceaux, préparer des sons ». Quand il ne travaille pas, il contemple sa ville. Marseille avec sa chaleur, ses couleurs, sa douce folie, parfois sa brutalité, est très présente dans ce cinquième album Lovers, sorti avant le confinement. Guidé par des voix féminines évoquant les sentiments amoureux, on la traverse au rythme de cette pop electro lumineuse. Il y aura un peu de Marseille au Havre vendredi 18 mars avec Kid Francescoli lors d’un concert au Tetris. Entretien.

Dans cet album, ce n’est pas le voyage qui vous a inspiré.

Il y a eu beaucoup de voyages avec Julia (Minkin, chanteuse américaine, ndlr) et une longue tournée avec Play Me Again. À ce moment-là, il y avait ce besoin d’être ailleurs et nous avons eu la chance d’aller dans plusieurs pays, comme l’Indonésie, l’Afrique du Sud, Le Liban… Avec tous ces voyages, je me suis rendu compte que l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. J’ai adoré revenir à Marseille, savourer sa beauté, la mer, le soleil… Il y a ce côté home sweet home. Je me sens vraiment bien chez moi. 

Est-ce la première fois que vous avez autant apprécié la beauté de cette ville ?

Marseille, c’est la maison, la famille, les amis. Il y a quelque chose de commun qui n’était alors pas inspirant. La première fois que je suis allé à New York, j’ai eu l’impression d’être dans un film. Des groupes jouaient dans plein d’endroits. Lors des concerts, il pouvait y avoir quatre groupes par soir. Quand la musique est si présente en permanence, c’est inspirant. Ce que je n’avais jamais ressenti jusqu’alors à Marseille. Je n’avais pas le piment, l’étincelle. Pour cet album, ce fut l’inverse. En effet, j’ai ressenti cela pour la première fois.

Pourquoi ?

À Marseille, il y a une certaine ambiance et elle est en nous. Quand on est loin de la ville, elle est quand même là. Je me souviens m’être pris pour De Niro, me promenant les mains dans les poches, dans New York. J’en suis revenu de tout cela. J’ai réalisé plusieurs choses. Par exemple, quand on est dans sa ville, on donne rendez-vous à ses copains toujours dans les mêmes endroits. Cela me m’ennuyait. À New York, les gens font pareil. C’est un petit détail révélateur. J’ai beaucoup de bonheur à déambuler dans Marseille maintenant. Je suis content de partir en tournée et très heureux de revenir dans cette ville si agréable.

Est-ce que cet ailleurs n’était trop fantasmé ?

Oui, il y avait des fantasmes. Ces villes se sont révélées conformes à mes attentes. Je m’étais fabriqué une ville de New York à partir des films que j’ai vus et des livres que j’ai lus. Là-bas, la réalité a même dépassé le fantasme. La ville, les rencontres et tout ce que j’ai pu vivre m’ont fortement inspiré.

Est-ce l’ambiance de Marseille qui a contribué à cette forme d’apaisement dans cet album ?

Oui, cela se sent musicalement. Sur les albums précédents, il y avait plus de rythmes enjoués, dansants. Là, j’ai fait un pas de côté. On entend bien que Lovers est l’album de celui qui a passé plus de temps sur sa terrasse à regarder la mer. La rencontre avec Samantha, l’amour et la beauté de la ville ont fortement contribué à cet apaisement.

Avez-vous toujours été sensible aux voix féminines ?

J’y ai toujours eu un rapport évident. J’ai beaucoup été influencé par Gainsbourg, par ce qu’il a écrit pour des femmes, pour ses duos. Cela m’a touché profondément. Je compose de la musique en empilant des boucles. À un moment, cela devient un magma musical. Quand une voix féminine vient se poser là-dessus, je vois de la lumière, la douceur. Elle amène le morceau vers quelque chose de plus concret. Elle vient aussi contrebalancer le côté cotonneux de ma voix. Je voulais avoir ce beau panel de tessiture avec Samantha, Sarah Rebecca, Nassee et iOni.

Et plusieurs langues aussi.

Oui, complètement. C’est une découverte, pour moi, et une évidence. C’est comme si j’avais un nouveau Synthé. J’ai eu le réflexe d’un musicien qui vient d’avoir un nouvel instrument, il a fallu que je compose tout de suite. J’étais aux anges. Ces langues différentes ont élargi le terrain de jeu et enrichi mon propos.

Un propos qui tourne autour de l’amour.

Cela s’est fait au cours de l’écriture de cet album. Il y a tout d’abord la rencontre avec Samantha. Puis, Rebecca, Nassee et iOni ont souhaité parler d’amour de différentes manières. Il y a l’amour apaisé, contrarié, toxique, frustrant. Il y a aussi la beauté de l’amour. Ce sont plusieurs facettes. Au final, je suis ravi. C’est un thème qui me parlait beaucoup. J’ai pu y mettre mes piste, mes mélodies. 

Infos pratiques

  • Vendredi 18 mars à 20 heures au Tetris au Havre
  • Première partie : Museau
  • Tarifs : de 20 à 12 €
  • Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur www.letetris.fr