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Un scénario pour les dernières acquisitions du Frac

photo : Marc Domage

Le premier Scénario pour une collection est en ligne. Cette nouvelle exposition du Frac Normandie Rouen réunit jusqu’au 9 mai une partie des dernières acquisitions évoquant le corps, les couleurs et les matières.

Interroger les collections, c’est une volonté récurrente de Véronique Souben. Alors les interroger pour « les mettre en lumière, les étudier, les transmettre ». Pour cela, la directrice du Frac Normandie Rouen a imaginé deux expositions avec quelque 150 pièces, acquises à partir de 2018, comme on écrit des scénarios. « Beaucoup d’œuvres tournent autour des médias et du cinéma. Chacun d’entre nous est concerné par le septième art, la télévision. On se fait sa culture. Les artistes ont une culture cinématographique très pointue et sont obligatoirement influencés. D’où le double intérêt de prendre ce prisme pour questionner les collections  ». 

Avant le plan, l’image et la séquence, ce premier Scénario pour une collection se penche sur trois sujets : le corps, les couleurs et les matières. Il y a en préambule le territoire avec des constructions abandonnées et en ruines dans des espaces en guerre. Christophe Guérin va Fendre Les Flots sur un paquebot lors d’une traversée de l’océan Atlantique. Gilles Saussier a photographié chaque kilomètre le long de la Seine, de l’avenue des Champs-Élysées à Paris jusqu’au Havre. Le territoire est plus abstrait avec Albane Hupin, proche du courant Support-Surface, qui mêle l’histoire de la peinture et celle de la teinture.

Installations, sculptures, photographies, vidéos mettent en scène le corps qui peut être autant présent par son absence. Et ce, dans divers espaces de la vie. Il y a un côté théâtral dans le travail de Mac Adams et Sébastien Rémy. Ella von Brandenburg et Marianne Mispelaëre préfèrent laisser des empreintes sur leurs œuvres. Joseph Grigely, Sebastien Riemer et Cally Spooner vont piocher dans les médias pour représenter le corps exposé, notamment des stars. Géraldine Millo s’est arrêtée sur celui d’inconnues pendant leur travail.

Dans la deuxième partie de l’exposition, le jeu de couleurs a une large palette. Il y a du jaune, du rouge, de l’orange, du gris, du noir… Plusieurs artistes s’intéressent aux phénomènes naturels. Avec Julie Tocqueville, le soleil ne dessine plus une courbe pour se coucher mais trace lentement  une ligne droite horizontale pour ne jamais disparaître. Marina Gadonneix joue avec les représentations des manifestations météorologiques et astrophysiques, comme la foudre, la tornade et l’impact d’une météorite. 

Enfin, Manuela Marques crée des ambiances éthérées. La photographe est à la frontière de l’abstraction et de la réalité en laissant apparaître des formes familières. Timothée Schelstraete mène quelque peu une démarche similaire quand il part d’images de pièces industrielles pour en reproduire sur la toile des fragments et les exclure d’un contexte.

Pendant ce troisième confinement, le Frac Normandie Rouen à Sotteville-lès-Rouen est fermé au public comme tous les lieux culturels. Cette exposition est à découvrir jusqu’au 9 mai sur les réseaux. Elle permet non seulement de « maintenir la programmation » aussi de « montrer que nous sommes là pour les artistes et qu’il y a toujours un moyen de les soutenir ».

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