Carmen Maria Vega : « Boris Vian a été ma première fenêtre sur la chanson française »

photo : Astrid di Crollalanza

Fais-moi mal Boris ! Carmen Maria Vega reprend une nouvelle fois le répertoire de Boris Vian (1920-1959). Dans ce spectacle hommage, la chanteuse, pétillante et audacieuse, s’empare des chansons érotiques et autres poèmes, s’essaie à la pole dance. Elle porte avec cœur les mots d’un artiste libre et engagé. Elle sera lundi 14 mars au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Entretien.

Boris Vian vous fait tant de mal ?

Oh non, il me fait plus de bien que de mal. Boris Vian a été ma première fenêtre sur la chanson française alors que mes obsessions musicales étaient Bowie, Mercury, Pink Floyd… Dans la musique, il ne faut pas rester au même endroit pour ne pas s’ennuyer. Pour ces reprises, je suis allée vers les chansons érotiques, sur des textes qui parlent des femmes. C’est archi militant.

Par quelle chanson êtes-vous entrée dans le répertoire de Boris Vian ?

Quand j’étais enfant, j’aimais bien Le Défilé. Plus tard, j’ai eu envie de regarder de plus près ce répertoire et j’y ai découvert plus de 350 chansons dont la plupart sont à l’état de poèmes.

Que retenez-vous de l’écriture de Boris Vian ?

J’adore sa grande liberté. À aucun moment, il a essayé de plaire. Il a toujours été au bout de ce qu’il voulait faire. C’est ce qui constitue une œuvre. Le Déserteur est un chef-d’œuvre. J’aime aussi beaucoup la grande force que contient cette écriture. C’est un plaisir à interpréter.

Comment avez-vous trouvé tous ces écrits ?

J’ai eu la chance de rencontrer Nicole Bertolt, l’ayant droit, qui vit d’ailleurs toujours dans l’appartement de Boris Vian. Rien n’a bougé depuis sa disparition en 1959. Quand on s’y promène, on a l’impression qu’il est partout. Nicole est une femme bienveillante et m’a autorisé à faire ce que je voulais. C’est elle qui m’a soufflé la thématique du spectacle en me parlant de cette chanson, Je coûte cher, une ode aux prostituées de luxe de l’époque.

Comment avez-vous abordé ce répertoire ?

Comme tous les auteurs. Je pars du texte, de ce qu’il me raconte. J’essaie ensuite de servir au mieux l’auteur lors de l’interprétation. Dans ce spectacle, je donne ma lecture de Boris à travers des chansons d’amour et antimilitaristes qui sont pleines de sensualité, d’intensité et de surréalisme. 

Avec Boris Vian, ce n’est pas toujours un amour joyeux et doux.

Ce sont des amours un peu vaches. Aujourd’hui, Fais-moi mal, Johnny est même triviale.

Quelles couleurs donnez-vous à ces chansons ?

J’ai respecté la partition jazz et leur modernité. Avec un autre band, nous avons trouvé de nouveaux sons. Nous avons aussi travaillé une scénographie avec une pole dance, comme un écho à Pigalle. Je chante, je danse tout en étant sensuelle, coquine et drôle.

Infos pratiques

  • Lundi 14 mars à 20h30 au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray
  • Durée : 1h15
  • Tarifs : de 18 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr
  • Des places sont à gagner : pour participer, écrivez à muriel.relilkto@gmail.com