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Des artistes regardent vers Rouen 2028

La date approche. C’est le 2 mars, jour du premier oral pour défendre le projet de Rouen Seine Normande 2028 dans la candidature au titre de capitale européenne de la culture. Plusieurs artistes de la région en sont devenus marraines et parrains.

« Un réel défi ! C’est comme quand on présente un dossier de candidature aux prochains Jeux olympiques ». Pour Fred Duval, la candidature de Rouen Seine normande pour devenir capitale européenne de la culture en 2028 est un réel enjeu pour un territoire. « C’est une occasion de se fixer des objectifs, d’être ambitieux et de prendre conscience des atouts de la région », estime le scénariste de bandes dessinées. « Un défi », aussi pour Julie Tocqueville, plasticienne et musicienne. « Cela met du piquant ».

La Normandie est un territoire à défendre. L’auteur, Michel Bussi, le rappelle : « Paris a été le centre du monde. Mais c’est en Normandie que tout s’invente. La région a été témoin d’un mouvement important dans l’histoire. On y a inventé une modernité. Dans cette région, le patrimoine y est exceptionnel. Il y a une dimension muséographique. Sans compter les espaces naturels et industriels. C’est tout ce mélange qui définit la Normandie, également une terre de migration. Et mon inspiration vient de là ».

Comme pour Mélanie Leblanc, poétesse. « Le territoire où j’ai grandi imprègne mon travail poétique qui est en lien avec la nature qui m’a fait grandir. L’art est le moyen de changer les vies, les territoires. Il s’infiltre partout dans les villes, les campagnes, les territoires empêchés ». Ou encore Gilles Vervisch, écrivain et philosophe, aujourd’hui parisien, toujours reconnaissant à la ville de Rouen où il est né. « J’y reste attaché. Comme dirait Platon, je lui dois tout. C’est à Rouen que j’ai acquis toute cette culture ».

Un premier oral

Fred Duval, Julie Tocqueville, Michel Bussi, Mélanie Leblanc et Gilles Vervisch font partie du groupe de parrains et marraines soutenant cette candidature. La phase initiale de la démarche prend fin vendredi 3 mars avec l’annonce des villes retenues pour la suite de la procédure. La veille, au ministère de la Culture à Paris, une délégation de dix personnalités normandes auront présenté le projet devant un jury européen.

Pour Marion Motin, danseuse et chorégraphe, apporter un tel soutien est « une évidence. Je suis Normande et je le revendique. J’aime ma région et je veux la promouvoir. J’ai envie que Rouen devienne une capitale européenne de la culture. Elle mérite d’être davantage dans la lumière ». Tolvy partage le même sentiment. « Rouen est une ville qui regorge de plein de talents mais cela n’est pas assez mis en valeur ». Tout comme Gilles Vervisch : « Il y a un vivier d’acteurs culturels. Il est important d’en faire l’apologie pour démonter certains préjugés. Il faut rendre justice à cette ville en la rendant capitale européenne de la culture ».

Une singularité

Au-delà de la candidature, les marraines et parrains ont remarqué la singularité de l’approche puisque le territoire défini s’étend le long de la vallée de la Seine, de Giverny jusqu’au Havre et Honfleur. « Le projet est protéiforme et a une dimension de territoire. En tant que Vernonnais, cela me concerne aussi », constate Wax Tailor. « Cette candidature sur un axe Seine qui va jusqu’à la mer est très original. J’ai habité à Rouen et au Havre, deux pôles qui sont à la fois loin et proches et deux villes qui ont beaucoup de choses à faire ensemble, observe Laure Delamotte-Legrand, plasticienne et scénographe. En tant que commissaire d’expositions pendant sept ans à Rouen, réinterpréter le patrimoine m’a fait aborder différemment l’espace et les lieux. Je pense à l’œuvre d’Arne Quinze qui avait créé un pont artistique entre les deux rives. C’est un focus porté sur un territoire riche et multiple ». 

Michel Bussi abonde dans ce sens. « C’est une jolie candidature parce qu’elle allie un espace culturel, patrimonial et industriel. Elle n’est pas écrasée par l’identité culturelle d’un lieu. C’est intéressant de penser la culture dans ce territoire de la Seine. Cela questionne aussi sur la manière d’inventer la métropole de demain ». S’ajoute le volet environnemental pour Fred Duval. « Dans ce domaine-là, la culture est un enjeu. C’est un angle intéressant ».

Des projets

Dans cette candidature, ces parrains et marraines veulent être force de propositions. Marion Motin a en tête « l’organisation d’événements avec de la musique, de la danse, du cirque et du théâtre pour créer des passerelles. Il faut permettre l’accès de tout cela à tous les publics, leur ouvrir des portes et les faire rêver ». Tolvy se réjouit de « cette chance de suivre tout ce que cette candidature pourra apporter. Je donnerai ce que je peux tout en restant moi-même ».

Michel Bussi a pensé à « des projets populaires, les plus rassembleurs possibles. Il doit y avoir aussi des performances plus pointues. Il faut des propositions qui rendent les habitants fiers de leur vallée ». Julie Tocqueville mettra sa « pierre à l’édifice. Je suis très active dans le tissus culturel associatif. Je reste dans cette dynamique avec ce travail avec les acteurs locaux ».

Devenir une capitale européenne de la culture, c’est « apporter un rayonnement au niveau culturel et économique. Nous l’avons vu à Lille » selon Wax Tailor. Le musicien n’hésitera pas à « mettre les mains dans le cambouis ». Fred Duval se souvient encore de son voyage à Marseille, alors capitale européenne de la culture. « On sentait la ville au diapason et cela allait au-delà du structurel ».

Après le 3 mars, commence une deuxième étape pour les villes retenues. Elles auront jusqu’à la fin de cette année 2023 pour compléter leur projet avant un nouvel oral et la désignation de la capitale européenne de la culture.