/

Dans la Normandie de David Hockney

Là, des portraits, ailleurs, des paysages, réalisés à la peinture sur la toile ou sur l’iPad : toutes ces œuvres de David Hockney entrent en dialogue avec les pièces des collections, dont celles de Monet. Normandism est à voir jusqu’au 22 septembre au musée des Beaux-Arts à Rouen pendant le festival Normandie impressionniste.

« J’ai toujours pensé que les images nous révélaient le monde. Sans elles, je ne suis pas certain que quiconque pourrait voir ». Avec sa manière si singulière de l’appréhender, David Hockney donne ainsi à le voir différemment. L’artiste britannique, né en 1938 à Bradford, se laisse émerveiller par le spectacle naturel qui s’offre à lui. Non seulement il vient enchanter ce monde à travers ses œuvres mais aussi nourrit tout un imaginaire qu’il souhaite en mouvement.

David Hockney est « un peintre métaphysique, remarque Florence Calame-Levert, conservateur Art moderne et contemporain au musée des Beaux-Arts à Rouen. « Il parle de l’infini, des possibilités d’une éternité qui transparaît dans sa peinture. Comme celle de Monet qui travaille sur la Seine ou les cathédrales. Pour Hockney, chaque retour de printemps est une réinvention. Il se dit alors : jamais je ne pourrai épuiser cette infinitude de la réalité d’un paysage ».

C’est la promesse de Normandism, l’exposition de David Hockney présentée jusqu’au 22 septembre au musée des Beaux-Arts à Rouen pendant Normandie impressionniste. Une trentaine d’œuvres ont trouvé leur place au milieu des collections pour ouvrir un dialogue. « Hockney n’entre pas dans cette contradiction entre classicisme et modernité », indique la commissaire de l’exposition. Et ce, même s’il est resté dans la figuration et a puisé dans le courant impressionniste. 

Sous la lune dans le pays d’Auge

David Hockney est ce peintre « très pop, d’une grande liberté », celui des « piscines » et des Canyon Paintings et de la représentation du reflet. À commencer par la série de portraits peints en Normandie. Il y a bien sûr le sien. L’artiste présente également les personnes qui font partie de son quotidien, comme son coiffeur, son jardinier… C’est la première partie de l’exposition.

La suite emmène dans le domaine de David Hockney, installé dans le pays d’Auge depuis 2019. Le peintre donne à voir une nature colorée avec de multiples nuances de vert, des camaïeux de rose, de jaune et de violet, avec des dégradés de bleu, avec des rouges étincelants. Le ciel prend d’autres tonalités quand souffle le vent.

La Moon Room est un envoûtement. De sa terrasse, David Hockney a peint le ciel une nuit de pleine lune. La série 31 octobre suit le mouvement de la lune et les variations de la lumière, si particulière et si changeante. La nuit peut être bleue ou noire, la lune, claire, dorée ou froide et les étoiles scintillent d’un jaune-or. Dans ce décor sont plongés dans l’ombre les arbres et la maison.

Si David Hockney reste attaché à la peinture, comme les impressionniste, il s’est emparé avec enthousiasme des nouvelles technologies, notamment l’iPad. L’exposition, Normandism, présente un auto-portrait montrant un visage espiègle et un paysage de sa campagne sous la pluie. Cette autre approche dévoile ainsi les différentes étapes de la composition d’un tableau.

Florence Calame-Levert explique la démarche de David Hockney  :

Cette exposition, avec des tableaux inédits, présente un peintre, toujours aussi curieux d’une nature verdoyante, de ciels étincelants et de ciels changeants. Un seul coup d’œil ne suffit pas pour apprécier le geste de David Hockney. Pour la commissaire de l’exposition, il faut « déshabiller » la peinture.

Florence Calame-Levert en donne les clés :

« Self Portrait, 22nd November 2021 », acrylic on canvas 36 x 30, © David Hockney
Photo : Jonathan Wilkinson

« 26h November 2020, No. 2 iPad Painting » © David Hockney

« 5th December 2020 iPad Painting » © David Hockney

« Wind on the Pond », 2023, acrylic on canvas 91 x 122 cm © David Hockney
Photo : Jonathan Wilkinson

David Hockney à Londres le 9 juillet 2023 © David Hockney
Photo : JP Gonçalves de Lima

Infos pratiques

  • Jusqu’au 22 septembre, tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures au musée des Beaux-Arts à Rouen
  • Entrée gratuite
  • Renseignements au 02 35 71 28 40 ou sur www.mbarouen.fr
  • Aller au musée en transport en commun avec le réseau Astuce