Marquise Knox, l’enfant prodige du blues

Photo : DR

Comme chaque année, La Traverse de Cléon accueille l’édition annuelle du Chicago Blues festival. L’occasion de découvrir Marquise Knox, un surdoué du blues contemporain fidèle et respectueux de la tradition des anciens, en concert vendredi 17 novembre à l’occasion de la 53e édition de ce rendez-vous incontournable des amateurs de blues. 

Marquise Knox est ce qu’on appelle un enfant de la balle. Il incarne mieux que quiconque de sa génération le blues traditionnel, celui du Delta, lorsqu’il joue en acoustique. Mais il sait aussi faire crier sa guitare lorsque la fée électricité s’introduit dans son jeu. Il est à l’affiche de la 53e édition du Chicago Blues, festival itinérant qui passe par la Traverse de Cléon vendredi 17 novembre.

Doté d’un prénom très ancien à l’accent féminin, ce gaillard barbu impose sa carcasse dans le milieu du blues depuis de nombreuses années déjà, et ce, malgré son jeune âge. À bientôt 33 ans, il fait office de vieux briscard dans le secteur. Là où les ténors ont attendu des années pour s’imposer, pour être reconnus, Marquise s’est très vite fait remarquer et a brûlé les étapes en commençant dès sa plus tendre enfance, dès 3 ans, par mimer la technique des anciens sur une guitare jouet.

Un mensonge

Puis plus rien, ou en tout cas jusqu’à ses années collège où le jeune garçon raconte à son professeur qu’il sait jouer de la guitare. Un petit mensonge lourd de conséquence puisque l’enseignante lui propose de participer au spectacle de fin d’année pour illustrer le cours sur l’histoire des Noirs-Américains. L’élève Knox se retrouve dans une situation des plus embarrassantes et court chez Grand-Ma Lili Mae, musicienne talentueuse et bonne guitariste, pour lui exposer la situation.

Après l’avoir réprimandé pour son bobard et l’avoir jeté dehors pour le punir, la grand-mère sort sa guitare, joue devant la fenêtre et le nargue momentanément pour mieux lui apprendre les bases techniques de l’instrument quelque temps après lors de moments réguliers. Des principes country blues sur lesquels Marquise Knox s’appuie toujours aujourd’hui, en particulier dans ses attaques. Une référence à cette histoire familiale et à la première chanson qu’il avait alors apprise, You Don’t Have To Go de Jimmy Reed, avec sa première guitare achetée par la famille en 2002, sur les conseils de cette fameuse grand-mère formatrice et de son grand-oncle Clifford, autre acteur important dans le développement artistique du garçon.  

Des combats

Aujourd’hui, Marquise Knox possède un jeu aérien, élégant et puissant. Le résultat de plusieurs années passées à s’enfiler des heures et des heures d’écoutes des anciennes gloires du blues, à s’user les doigts sur la répétition des gammes pour les maîtriser à la perfection. Le travail a payé. Il faut dire que le jeune gars était doué et particulièrement précoce puisqu’il a reçu son premier salaire en tant que musicien à l’âge de 13 ans, pour avoir joué dans un hôpital de Saint-Louis, et sorti de l’ennui un public de personnes âgées qui n’attendaient que ça pour remuer ce qui pouvait encore bouger.

Une entrée dans le milieu professionnel rapide et motivante pour celui qui gardera toujours beaucoup de tendresse et d’empathie pour les personnes fragiles et démunies. L’adolescent travaille d’arrache-pied et c’est sous l’égide d’un musicien de Saint-Louis des plus réputés, Henry Townsend, qu’il apprend le métier et se forge une réputation de musicien surdoué. L’ancien lui apprend la technique de composition, lui corrige ses erreurs et le disciple apprend vite. C’est à croire qu’il est né pour jouer du blues, pour s’inscrire dans la tradition des grands musiciens afro-américains du genre. Et ce don pour la guitare n’est pas unique puisque l’adulte qu’il est devenu possède également une voix puissante de baryton et s’illustre en tant qu’harmoniciste. 

Marquise Knox a joué aux côtés de références telles que B.B. King, Pinetop Perkins et David “Honeyboy” Edwards. Il se produit un peu partout et de manière régulière aux États-Unis et en Europe. Il aime jouer. On dit de lui qu’il a passé plus de temps sur scène que dans sa maison. Une image quelque peu erronée quand on se penche sur sa vie. Au-delà la musique, le bluesman est aussi un homme investi dans la vie de son quartier et de sa ville. C’est un militant qui s’implique avec force dans les mouvements liés aux droits civiques. C’est aussi un activiste du blues qui défend l’histoire de ce genre musical avec force et passion. On peut le voir comme un rempart contre l’oubli des monuments du blues et son combat est régulier. Il s’entend dans ses chansons mais aussi dans ses discours sur scène, dans ses plaidoyers auprès des politiques. C’est ce qu’on pourra entendre dans la salle cléonnaise où Knox sera accompagné de ses musiciens et de la chanteuse Lady A et du chanteur-guitariste Dexter Allen. 

Infos pratiques

Info dernière minute : des places sont à gagner ! Pour tenter votre chance, écrivez-nous à muriel.relikto@gmail.com !

  • Vendredi 17 novembre à 20h30 aà La Traverse à Cléon
  • Première partie : Arnaud Fradin & His Roots Combo
  • Tarifs : 21 €, 18 €
  • Réservation au 02 35 81 25 25 ou sur www.latraverse.org
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce