Broken Back : « la musique est comme une méditation »

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Halcyon Birds, Happiest Man On EarthBroken Back, le projet musical de Jérôme Fagnet, enchaine les tubes, les concerts et les millions d’écoutes sur les réseaux depuis la sortie de son premier album éponyme en 2016. Il séduit toujours avec cette voix aérienne si singulière, les mélodies entraînantes et une pop-folk électro lumineuse. Au fil des albums — il en a sorti quatre — Broken Back met en musique des émotions enfouies. Avec Smile Again, sorti à l’automne 2023, il a parcouru divers sentiments en faisant « un retour aux sources » musicales. Il sera en concert samedi 16 mars au Silo à Verneuil-d’Avre-et-d’Iton. Entretien.

Lors d’un précédent entretien, vous expliquiez avoir commencé à composer, à écrire de la musique pour voir du bonheur où il n’y en avait pas. Qu’en est-il aujourd’hui ?

Cela n’a pas changé. Je continue à porter cette philosophie, chère à mon cœur. J’ai la chance de pouvoir remonter sur scène et de porter cette belle parole. Après les confinements, je me suis rendu compte de la finalité de notre métier. Nous avons le pouvoir magique de mettre des petits pansements sur des maux du quotidien, de suspendre le temps et de partager un moment d’insouciance. Être sur scène, c’est ce qui nous rend le plus heureux.

Ressentez-vous cette même joie quand vous écrivez et composez ?

C’est un peu différent. Le point de départ est plus personnel. J’ai compris cela de manière intuitive et davantage au bout du quatrième album. L’écriture et la composition sont un besoin viscéral. J’aime me connecter à mes émotions, surtout à celles que l’on enfouit sous le tapis. Quand j’écris, je rouvre les portes de mon subconscient. J’écoute mes émotions. J’essaie de les comprendre, de les revivre pour les mettre en musique. Sur scène, je me rends compte que tout cela peut entrer en écho.

Est-ce joyeux ou douloureux de revivre ces émotions ?

Ni l’un ni l’autre, c’est davantage pour les comprendre. C’est un passage obligé parce qu’il ne faut pas les laisser s’enterrer. Cela fait du mal. La méditation permet de les ressortir et de les laisser partir. La musique est, pour moi, comme une méditation.

Pour recueillir toutes ces émotions, ne faut-il être dans un état particulier ?

Oui, effectivement. À chaque fois que je compose, je suis très à fleur de peau. C’est comme si tous mes sens étaient ouverts. Je ressens tout très fort. Mes capteurs sont à fond. Ce sont des phases où les émotions sont vives. Cela transparaît dans ma personnalité. D’autant que je suis assez émotif dans ma manière d’être. Dans la vie, cela peut être pratique d’être blindé pour faire en sorte que les choses glissent sur soi. Mais je fais partie de ces personnes qui prennent les choses à cœur.

Cela permet néanmoins de sourire à nouveau, comme le suggère le titre de l’album ?

J’ai toujours cette volonté. C’est toute la philosophie que je porte avec ce projet. Lors de notre entretien, nous avions dû évoquer la phrase d’Albert Cohen : « le malheur est le père du bonheur de demain ». J’applique cela au quotidien. Ce n’est pas si simple de voir une lumière et d’avoir de l’optimisme dans les moments difficiles.

Vos chansons sont faites de ces contrastes.

Exactement. Je tiens toujours à relativiser les choses. Je ne compose pas une musique pour déprimer. Elle vient en contrepoint à des moments d’amertume et de tristesse.

Dans cet album, vous évoquez une large palette d’émotions.

Oui, c’est un patchwork émotionnels et les titres n’ont pas forcément de liens les uns avec les autres. Ce sont de petites capsules émotionnelles et temporelles sans fil chronologique. Un morceau correspond à une émotion. Away From Home évoque la nostalgie. C’est la première fois que j’éprouve ce sentiment. Cela fait bizarre. Quand je suis en tournée, je suis loin de mes proches qui me manquent. Je suis maintenant papa de deux petits garçons. Mais il y a aussi un peu de bonheur dès je pense à eux. Shine parle de sérénité. J’ai écrit cette chanson pour mon premier garçon alors qu’il était encore dans le ventre de sa mère. Elle l’accompagne et l’apaise toujours quand je lui chante.

Vous parlez d’une émotion liée à un temps précis. A-t-elle un lien avec un lieu ?

Non, mais il y a cependant un lieu précis. C’est Saint-Malo où j’habite. C’est la ville où je me sens bien et en sécurité, où les paysages m’inspirent. Cette ville me permet d’être proche de mes émotions et d’en parler. C’est plus facile pour se connecter à elles.

Pour la tournée, retournez-vous vers des sentiments plus anciens ?

Pendant la tournée, nous présentons le quatrième album et nous reprenons les morceaux les plus connus. Ils sont importants parce qu’ils nous font voyager, nous ont permis d’aller jusqu’aux Victoires de la musique. Nous leur devons une fière chandelle et font partie de l’histoire de Broken Back.

Infos pratiques

  • Samedi 16 mars à 20h30 au Silo à Verneuil-d’Avre-et-d’Iton
  • Première partie : Maddy Street
  • Tarifs : 15 €, 8 €
  • Réservation en ligne
  • Des places sont à gagner