Nicolas Noël : « la musique me vient en me promenant »

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Dans une atmosphère où la musique résonne comme un écho intemporel, le pianiste Nicolas Noël ouvre les portes de son univers musical. Outre Little Bob, il s’est produit en première partie de Claude Nougaro, Chick Corea, Al Jarreau, Maceo Parker, Gilberto Gil et a accompagné l’harmoniciste Jean-Jacques Milteau, puis la chanteuse Demi Evans, sur deux albums et des tournées internationales. Il a aussi travaillé sur des créations jazz avec Antoine Hervé, Denis Badaut, Elisabeth Kontomanou… Un mix de musique aux ambiances New Orleans, du Brésil, blues et gospel qu’il ne cesse d’aimer et d’approfondir. Il partage ses réflexions sur la musique, la transmission, et son amour pour le littoral normand. Samedi 23 mars au Clos des Fées à Paluel, le musicien promet une soirée singulière avec le contrebassiste Jean-Michel Charbonnel. Entretien.

Pour vous la musique est-elle une affaire de partage ? 

Bien sûr. Mon père était aux claviers du groupe choral de Luneray. J’avais quelques notions de piano et j’ai appris par ce biais… À la maison, j’ai été initié au jazz et au blues. Avec les amis, c’était plutôt au rock. L’Angleterre est arrivée en même temps que le piano. J’avais un correspondant en sixième qui avait un super piano – on ne s’est pas perdus de vue d’ailleurs — et je pense que la pop et le rock de l’époque ont contribué à ce que je sois un musicien éclectique et hétéroclite. Toutes ces influences ont forgé ma carrière de musicien, forte de nombreuses collaborations, dont celle notamment avec le rockeur havrais, Little Bob avec qui j’ai partagé la scène durant près de trente ans.

Qu’en est-il de la transmission ? Avez-vous appris la musique à vos enfants ?

Non, malgré un arrière-grand-père qui jouait du piston, un grand-père qui dirigeait la fanfare de Veules-les-Roses et mon père qui jouait du tambour, du trombone et du piano, en tant qu’amateur. Mes fils se sont tournés vers d’autres horizons, l’ainé plus dans la communication et les réseaux, le second vers l’animation, la magie. Je pense que c’est un musicien qui s’ignore, il écrit et compose mais reste discret, secret.

Vous avez tissé avec Jean-Michel Charbonnel une complicité de plus de vingt ans. Qu’est-ce que vous vous apportez l’un l’autre ?

J’ai joué longtemps au Domaine de Forges-les-Eaux, avec Cécile (chanteuse résidente du Casino) et Jean-Michel. On a une grande complicité et on s’est produit sous différents formats. Après un break de deux ans, on est heureux de se retrouver. De son côté, il explore des projets plus jazz, moi, j’ai un pied dans le rock et j’ai donné des cours à l’école d’improvisation de jazz de Mont-Saint-Aignan. Quoi qu’il en soit, on a cette connivence, ce rapport d’écoute et de jeu qui s’exprime au travers du groove. On essaie de se surprendre. C’est une part d’aventure…

Un mot sur le prochain concert au Clos des Fées ?

C’est un lieu que j’affectionne beaucoup. La programmation culturelle y est variée. Ce soir-là, on rendra hommage aux pianistes de jazz qui ont marqué l’histoire, mais il y aura aussi un clin d’œil à Fauré, Mozart et Beethoven. Je vois dans ce dernier une écriture très noire, presque gospel – bien que classique – c’est ce qui m’intéresse. On veut surprendre aussi et réinterpréter des chansons, des standards qui vont des Beatles à Sting, ainsi que des bandes originales de film… À notre sauce ! Et je jouerai des morceaux choisis de l’album 18h à la plage (sorti en 2017 chez Noa Music). Il y aura une nouveauté aussi, Le Piano de la dirlo. Au collège il y avait un piano, sous le dortoir des filles, et j’avais la clé de ce local pour aller jouer sur ce superbe instrument. Ça été aussi un élément déclencheur de ma passion !

Vous vous émerveillez toujours. Qu’est-ce qui vous rend heureux ?

Ah, je suis heureux par nature. J’aime vivre à Veules avec Gaëlle. J’ai maintenant plus de temps. Je suis devenu conseiller municipal d’ailleurs ! Aujourd’hui, je crée à mon rythme, il y a moins d’enjeux, j’écris au compte-goutte. J’ai dix morceaux commencés après le covid. Je me suis acheté un super piano. Je profite du littoral, je marche beaucoup. La musique me vient en me promenant, je suis toujours happé par des mélodies, des rythmes. D’ailleurs tout est une histoire de rythme et de couleurs. Les Berbères et les Manouches apprenaient entre eux, à jouer de la guitare. Pour en revenir à la transmission, la musique s’apprenait de manière orale. Moi, je lis encore très mal, tout se fait beaucoup à l’oreille, j’ai appris à improviser…

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