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Une escapade jusqu’en Espagne avec Thibaut Garcia

photo : Marco Borggreve

Pour ce deuxième concert en streaming, l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dirigé par Ben Glassberg, directeur musical depuis la rentrée 2020, accompagnera le guitariste Thibaut Garcia. Ensemble, ils interpréteront vendredi 27 novembre le Concierto de Aranjuez de Joaquim Rodrigo, un chef-d’œuvre.

En septembre 2019, ils étaient ensemble pour l’enregistrement d’un album consacré à Joaquim Rodrigo (1901-1999). Le compositeur espagnol réunit une nouvelle fois, un an plus tard, Thibaut Garcia, guitariste, et le maestro Ben Glassberg. Et ce, non pas à Toulouse avec l’orchestre national du Capitole mais à Rouen avec l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie. Au Théâtre des Arts, les deux artistes qui sont « sur la même longueur d’onde » ont enregistré le Concierto de Aranjuez qui sera diffusé en streaming vendredi 27 septembre.

Ce chef-d’œuvre, composé pour guitare et orchestre en 1939, fait partie des pièces « incontournables. Je l’ai écouté la première fois lorsque j’étais tout petit. Je ne me souviens pas de l’émotion que j’ai ressentie à ce moment-là mais j’étais impressionné. Je le mettais tous les jours pour aller à l’école ». 

Thibaut Garcia est un guitariste virtuose maintes fois primé. Son instrument, il ne l’a pas choisi. Il était là. « Mon père est né en Espagne. La moitié de ma famille est espagnole. Je suis donc lié à cette culture. La guitare, c’est naturel. Elle est dans le sang. Mon père jouait de la guitare classique en amateur mais à haut niveau ». Thibaut Garcia a beaucoup travaillé et travaille encore beaucoup. « Je suis passé de 6 heures par jour à 1 heure ou 1h30 par jour ». Quand il ne joue pas, il lit les partitions, refait sans cesse les gestes. « La musique, c’est un travail mental. La guitare est juste un outil. C’est la tête qui dirige ».

Le musicien, originaire de Toulouse, s’est tout d’abord spécialisé dans le répertoire classique pour se produire en récital solo ou en concerto. « J’ai en fait un instrument très soliste. J’ai désormais envie de m’ouvrir, d’être un musicien complet pour pouvoir jouer seul et aussi accompagner ». Thibaut Garcia a récemment pris un virage baroque et entamé un nouvel apprentissage. « Je viens d’acheter une guitare baroque. Techniquement, je suis un bébé. C’est étrange. Cet instrument reste une guitare mais je suis mauvais quand j’en joue ». 

Une évolution qui lui permet de se confronter à d’autres compositeurs. Comme Bach dont il est fan. « Je pourrais écouter sa musique 24 heures sur 24. Dans ses partitions, il y a tout, l’émotion et l’intelligence ». Thibaut Garcia se familiarise avec un langage. « Celui de la musique baroque qui est plus simple. Sa couleur est singulière. Ce sont les voix baroques qui me touchent le plus. Elles me font pleurer. Bien plus que les voix de Wagner ».

Et la guitare électrique ? Non, ce n’est pas pour lui. « C’est un instrument plat, métallique. On ne peut pas avoir un rapport sensuel avec la guitare électrique. Avec les instruments anciens, il y a le plaisir du toucher. Le doigté est différent. Le son et le grain, également. C’est vraiment sensuel ».

Pour les concerts, il faudra encore patienter. « Cela me manque. Rien ne peut remplacer ce lien, cette effervescence que l’on ressent quand on entre sur scène ». Son enthousiasme, sa soif d’apprendre, sa curiosité ne sont pas entamés. Il redécouvre en ce moment les partitions de Scarlatti (1685-1757).

Infos pratiques

  • Vendredi 27 novembre à 21 heures en streaming
  • Au répertoire : ouverture n°1 en mi mineur opus 23 de Louise Farrenc, Concerto de Aranjuez de Joaquim Rodrigo, Les Nuits d’été d’Hector Berlioz.
  • photo : Marco Borggreve