Festival d’Avignon, un investissement nécessaire pour les compagnies

photo : Arnaud Bertereau

Le festival d’Avignon, c’est trois semaines de spectacles. Pour cette édition 2018, il n’y a jamais eu autant de compagnies normandes à l’affiche de ce grand rendez-vous estival. 14 y seront présentes.

photo Arnaud Bertereau

Entre le 6 et le 24 juillet, Avignon se transforme en théâtre. Le plus grand du monde avec en 2018, 50 compagnies dans le In et plus de 1 500 dans le Off. Pour les spectateurs, faire son programme devient parfois un casse-tête. Pour les troupes, c’est un vrai marathon pour séduire le public et se faire repérer par les professionnels. Cette année, pas moins de 14 compagnies normandes vont présenter leur nouvelle création au festival. Un chiffre record qui démontre la vitalité de la création artistique dans la région. L’Odia Normandie (office de diffusion et d’information artistique) apporte un soutien financier à cette migration. Tout comme la Ville de Rouen. « Nous sommes fiers d’accompagner des compagnies qui rayonnent », rappelle Christine Argelès, première adjointe, en charge de la Culture, de la Jeunesse et de la Vie étudiante.

Dans le In, il y a tout d’abord la Piccola Familia qui crée dans la cour d’honneur Thyeste de Sénèque, mis en scène par Thomas Jolly. David Bobée imagine à la demande d’Olivier Py, directeur du festival, un feuilleton quotidien, Mesdames, messieurs et le reste du monde avec des comédiens professionnels et amateurs. En tout 13 épisodes de 50 minutes, écrit par Ronan Chéneau, dont certains seront repris la saison prochaine. Le directeur du CDN de Normandie y aborde un thème qui lui est cher : la question du genre et les discriminations.

Relever le challenge

Le Chat Foin sera dans le Off pour une vingtaine de représentations de Qui suis-je ?, la pièce tout public sur les amours adolescentes. Pour Yann Dacosta, metteur en scène, qui fait son troisième Avignon, l’important est d’avoir « le bon spectacle en terme de format. Celui-ci se monte, se joue et se démonte en deux heures ». La compagnie d’Edward Aleman et Wilmer Marquez joue Somos, leur troisième spectacle sur la quête d’identité. Quant à la DL Compagnie, elle présente deux spectacles : Les Amants de Vérone et Les Deux Billets de Florian. Le Théâtre des Crescite reprend à Avignon Mon Royaume pour un cheval, une adaptation très libre de Roméo et Juliette de Shakespeare.

Le festival d’Avignon, un passage obligé ? « C’est l’endroit de la diffusion. Il est bien difficile d’imaginer de faire sans Avignon. Nous avons présenté Réparer Les Vivants (écrit et joué par Emmanuel Noblet, Molière du seul en scène, ndlr). Il a été vu par 350 professionnels puis programmé 300 fois », rappelle Philippe Chamaux, directeur-adjoint du CDN de Normandie Rouen. 

Tous sont partis avec beaucoup d’espérance tout en sachant qu’un tel voyage demande néanmoins quelques sacrifices. « Le festival ouvre toujours des portes. On rencontre de nouvelles personnes. Il est toujours difficile de faire venir des professionnels en région. À Avignon, il est possible de rencontre entre 100 et 200 professionnels. Cet investissement est en général amorti sur la tournée. C’est un investissement financier et aussi humain car c’est très sportif », confie Yann Dacosta. Même constat de la part d’Angelo Jossec, fondateur du Théâtre des Crescite : « La France est grande et il est difficile de tourner loin et de faire monter un programmateur de Marseille. La compagnie est bien identifiée en Normandie. Pour son développement pour qu’elle puisse avoir un rayonnement national, elle ne peut pas rester sur ses acquis. Avignon n’est pas la seule solution mais reste un accélérateur ». Les compagnies font là de réels paris.