Christian Clères n’aime toujours pas les écrivains

photo : Jean-Luc Drouin

Christian Clères reprend les principes qui ont fait toute l’originalité de J’aime pas Proust dans deux nouveaux documentaires, tout aussi réussis. J’aime pas Flaubert et J’aime pas Maupassant sont diffusés l’un après l’autre ce lundi 7 décembre à la télévision.

Quel est l’écrivain préféré de Christian Clères ? Le réalisateur rouennais n’a pas encore donné la réponse. Ce que l’on sait en revanche, c’est qu’il n’apprécie pas vraiment Marcel Proust. Gustave Flaubert ? Pas mieux. Guy de Maupassant ? Pareil. Ces trois écrivains normands n’ont pas trouvé de place dans son cœur et il ne s’en cache pas dans sa collection J’aime pas les écrivains. 

Il faut trouver là une petite part de provocation bien évidemment. Christian Clères vient éveiller notre curiosité sur ces auteurs célèbres. « Je ne suis pas fan de littérature et je veux me mettre à la place des personnes qui ont des souvenirs d’école. Je n’ai lu plus que cela Flaubert et Maupassant ». Avec lui, on ne peut que ressentir une forme de tendresse et une envie de plonger ou replonger dans les univers des auteurs qu’il aborde. Il avait réussi dans un premier documentaire, J’aime pas Proust. Il y parvient à nouveau dans J’aime pas Flaubert et J’aime pas Maupassant. Deux films d’une cinquantaine de minutes à découvrir ce lundi 7 décembre à la télévision.

Flaubert, un  » punk « 

Gustave Flaubert (1821-1880) et Maupassant (1850-1893) sont deux auteurs indissociables. « Il y a une telle proximité entre eux qu’il était impossible de les séparer. Sans Flaubert, est-ce que Maupassant serait devenu Maupassant ? Le premier a pas mal drivé le second. Nous avons tous besoin d’un mentor ». Christian Clères complète ainsi sa collection des J’aime pas les écrivains. Il a construit les deux films, consacrés à Flaubert et Maupassant, avec les mêmes éléments originaux de réalisation : les galets peints de Jean-Marie Chatelier, la présence d’un narrateur, la mise en musique d’un texte ou poème interprété par Hassan Guaid. Sans oublier les spécialistes ou amoureux et amoureuses des deux Normands qui révèlent une image plus nuancée des deux hommes.

Dans J’aime pas Flaubert, Christian Clères aborde l’écrivain à travers ses publications. Il commence avec Madame Bovary, « une bourgeoise mal éduquée », et le procès, poursuit avec sa correspondance, L’Éducation sentimentale, La Tentation de Saint-Antoine, Salammbô, Bouvart et Pécuchet. Yvan Leclerc, grand spécialiste de Flaubert, revient sur le style, son travail acharné sur l’écriture, l’épreuve du gueuloir, la place du corps dans les romans. Marie-Hélène Lafon qui vient de recevoir le prix Renaudot pour Histoire du fils n’hésite pas à qualifier Flaubert de « punk » et revient sur ses relations avec les femmes, « des menaces ». J’aime pas Flaubert est tourné à Rouen, dans les rues, au musée et dans le pavillon de Croisset.

La trame est différente dans J’aime pas Maupassant. Le réalisateur raconte, avec notamment Marlo Johnston et Arne Ulbricht, la vie de l’auteur d’Une Vie comme « une histoire qui a une fin tragique. C’est un gamin un peu sauvage qui a une jeunesse libre ». Une liberté qu’il a préservée. D’Étretat à Miromesnil, ce documentaire dépeint un « homme dragueur », un « être sensible » et « pessimiste » qui « regardait beaucoup autour de lui » et « se posait toujours du côté des victimes ». De Maupassant, il faut retenir un « style simple », « ultra moderne » et « un souci d’être compris ».

Avec J’aime pas Flaubert et J’aime pas Maupassant, Christian Clères invite à deux belles balades littéraires qui apportent une lecture moderne à deux écrivains classiques.

Infos pratiques

  • Diffusion lundi 7 décembre de J’aime pas Flaubert à 22h45 (rediffusion vendredi 11 décembre à 9h15) et de J’aime pas Maupassant à 23h35 sur France 3 Normandie
  • Pour les découvrir dès maintenant
  • photo Jean-Luc Drouin