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36 Fragments pour reconstruire un monde

photo : João Saenger

Ce ne sont pas 23 Fragments de ces derniers jours mais 36. Le collectif brésilien Instrumento de ver détournent une multitude d’objets pour reconstruire un quotidien plus coloré. Les six circassiennes et circassiens rivalisent de talents et d’humour dans ce spectacle « circographié » par Maroussia Diaz Verbèke, présenté les 22 et 23 mars à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan avec le CDN de Normandie-Rouen.

Ce spectacle est une suite de surprises. En tout, 36 et pas 23 Fragments de ces derniers jours qui se révèlent comme des échos et des sentiments après des événements personnels ou politiques. L’histoire toute récente au Brésil avec l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro traverse cette création du collectif Instrumento de ver, orchestrée par Maroussia Diaz Verbèke. La troupe de six artistes la raconte avec divers objets détournés pour tenter de reconstruire un monde qui manque de poésie et de couleurs. Elle se joue également des disciplines pour inventer un cirque d’objets, thème de cette nouvelle édition du festival Spring.

Dans ce spectacle, apparaît de manière récurrente la construction de leur pays. « Quand nous avons commencé à travailler ensemble, Bolsonaro venait d’être élu et des choses graves s’étaient produites. Cette constitution est arrivée très vite parce qu’ils se raccrochent à elle. Elle est à la fois une avancée et une limite. Les artistes sont désormais considérés comme des parasites », rappelle Maroussia Diaz Verbèke. Pendant ce spectacle, les six interprètes sont la magie, la liberté, la réalité, la folie, la mémoire, l’amour qu’ils brandissent comme des étendards. Ils transmettent de la joie et de l’espoir.


Des tentatives

Maíra Moraes est une fakir étonnante. Elle s’amuse autant quand elle marche sur un chemin de Lego que sur éclats de verre, des cafards bien craquants ou encore des bougies chauffe-plat et des ampoules allumées. Julia Hennings a une passion pour les bouteilles en verre et les tabourets. Perchée sur ses hauts talons, elle avance sur une ligne de bouteilles, escalade des pyramides faites toujours de bouteilles et de tabourets. Quant à Beatriz Martins, contorsionniste, elle danse avec élégance au sol sur du papier bulle, sur un trapèze ou avec Lucas Cabral Maciel, spécialiste du frevo. André Oliveira DB excelle dans le passinho, une danse née dans les favellas brésiliennes qui emprunte du hip-hop et à la capoeira. Marco Motta est aussi à l’aide dans les numéros d’acrobaties aux sangles qu’à la break dance.

Dans son travail de « circographe », comme elle se définit, Maroussia Diaz Verbèke s’empare des spécificités et des pratiques de chacune et de chacun pour écrire un spectacle. « C’est la base. Le cirque s’est construit à la négative du théâtre parce qu’il n’a pas la parole et un répertoire de pièces classiques. Cela implique la multitude ». Et cette multitude implique des variations avec des suites et des ruptures. Chaque fragment est « une tentative. Il y a aussi ce jeu. Un jeu qui se fait avec les objets et questionne le danger, le risque, la peur qu’il faut dompter, la force et la fragilité ». Les six artistes partagent ces interrogations avec le public assis autour de cette piste et tout près d’eux.

photo : João Saenger

Infos pratiques

  • Mardi 22 et mercredi 23 mars à 20 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. Tarifs : 20 €, 15 €. Pour les étudiants : carte Culture . Réservation au 02 35 70 22 82 ou sur www.cdn-normandierouen.fr
  • Samedi 26 mars à 19 heures au Préau à Vire. Tarifs : de 10 à 5 €. Réservation au 02 31 66 66 26 ou sur www.lepreaucdn.fr
  • Durée : 1h40
  • Spectacle à partir de 8 ans