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Thierry Jourdain : « mon idée a été de faire découvrir un groupe que j’aime »

photo : Poley Luard

Dans ses écrits, Thierry Jourdain va d’un artiste ou d’un groupe à un autre, d’un album à un autre. Son neuvième ouvrage est consacré à R.E.M., le célèbre quatuor américain qui s’est fait connaître avec le titre inoubliable, Losing My Religion. L’auteur raconte son histoire, ponctuée de succès et d’engagements généreux, à partir d’une trentaine d’entretiens, notamment avec les quatre membres du groupe, Bill Berry, batteur, Peter Buck, guitariste, Mike Mills, bassiste, et Michael Stipe, chanteur, et à travers les albums et les tournées. Il revient sur la genèse de la formation dans R.E.M. : remember every moment. Il en parler avec My North Eye et Hell Strange mercredi 28 septembre au 106 à Rouen et mercredi 12 octobre à la médiathèque à Grand-Quevilly. Entretien.

Quel est le premier titre de R.E.M. qui a retenu votre attention ?

Comme beaucoup, c’est Losing My Religion, le fameux hit planétaire. Mais ce n’est pas celui-ci pour lequel je me suis investi dans ce livre. C’est Everybody hurts, une chanson que j’entendais beaucoup dans les émissions musicales de l’époque et qui m’a touché le plus avec ses arpèges simples de guitare, sa mélodie et la ligne de chant. J’étais au début de mon adolescence et j’ai eu l’impression qu’elle avait été écrite pour moi.

R.E.M. a-t-il été un groupe que vous avez suivi au fil des albums ?

Non, pas tout de suite. Dès 13 ans, mon père m’achetait tous les disques que je voulais. Je me souviens être chez un disquaire pendant les vacances et avoir découvert que R.E.M. avait sorti d’autres albums avant Out Of Time. C’était des albums qui n’avaient rien à voir avec celui-ci. J’ai alors commencé à me renseigner sur l’histoire de la formation. Quand les membres du groupe se sont séparés en 2011, je leur en ai voulu. Je ne pouvais imaginer qu’ils puissent faire cela, que R.E.M. puisse avoir une fin. Pendant plusieurs années, il m’était impossible d’écouter les albums. En 2012, lors d’un voyage à New York, je prends un ascenseur avec Michael Stipe par hasard. Je lui ai demandé pour faire une photo. Je l’ai remercié et lui ai dit au revoir. Plus tard encore, j’ai appris que les quatre musiciens s’étaient séparés parce qu’ils ne se supportaient plus en raison du rythme des tournées et qu’ils voulaient rester amis et continuer à se voir. Avec le recul, j’ai compris cette séparation et je suis revenu à R.E.M.

Avec quel album êtes-vous revenu ?

C’était avec les derniers albums que je n’avais pas écoutés. Surtout le tout dernier qui est très beau. Quand ils ont travaillé dessus, ils savaient que cet album serait le dernier. Alors ils ont caché beaucoup de choses dans la pochette, dans les textes… J’ai ensuite tout déroulé leur discographie.

Qu’est-ce qui vous touche dans le parcours de R.E.M. ?

R.E.M., c’est le parcours de quatre garçons d’une timidité maladive, pas vraiment très beaux, qui ne sont pas issus d’un milieu favorisé. Ils n’étaient pas destinés à la réussite. Ils ont monté un groupe ensemble parce que la musique a été leur moyen d’expression. Puis, il n’ont jamais rien lâché. Ils ont enchaîné les dates grâce à la patience et la persévérance. R.E.M., c’est aussi une histoire d’amitié. C’est très rare dans l’histoire d’un groupe de voir les droits d’auteur séparés à part égale. Tous les quatre figurent dans les crédits et avec leurs noms écrits par ordre alphabétique.

À quel moment est arrivée l’envie d’écrire un livre ?

C’est le neuvième livre qui est publié mais le deuxième sur lequel j’ai commencé à travailler. En fait, c’est une histoire en soi. Pour la revue Équilibre fragile, j’ai été amené à faire plusieurs interviews. Je suis allé à Tours pour rencontrer Ken Stringfellow qui a joué avec R.E.M. Ma première question a porté sur son parcours. Il a raconté comment il avait commencé, ses reprises de R.E.M. tout seul dans sa chambre, des anecdotes sur le groupe. Sur les cinq heures d’interview, deux ont été consacrées à R.E.M. Il m’a aussi donné des contacts. Puis je me suis jeté à l’eau. Au bout de cinq années de travail, je réussis à joindre les quatre musiciens. Là, je n’avais plus le choix. Il fallait que le livre sorte. Pourtant, j’ai failli abandonner plusieurs fois.

De cette somme d’informations, quel fil rouge évident avez-vous tiré ?

Je ne voulais pas faire une compilation, avoir un effet catalogue. J’ai alors procédé disque par disque et tournée par tournée. Mon idée a été de faire découvrir un groupe que j’aime.

Après ce travail pouvez-vous dire pourquoi vous aimez ce groupe ?

J’aime ce groupe parce qu’il n’a jamais sorti un album identique. Il y a une évolution constante dans l’écriture et dans la manière de composer. Je retiens tout particulièrement Automatic For The People, très sombre, Murmur, le tout premier, avec des textes obscurs, et Monster avec des guitares électriques à foison.

Infos pratiques

  • Mercredi 28 septembre à 20 heures au 106 à Rouen. Gratuit. Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Mercredi 12 octobre à 20 heures à la médiathèque à Grand-Quevilly. Gratuit