///

Younès Boucif : « j’essaie d’être le plus exigeant possible »

photo : Élisa Parron

Lors du festival Terres de Paroles, Younès Boucif lit Le Petit Prince de Saint-Exupéry samedi 1er octobre à Jumièges. Une première pour le jeune artiste remarqué dans la série télévisée, Drôle. Il y joue le personnage de Nézir, un stand-upeur attachant. Younès Boucif qui a grandi à Mont-Saint-Aignan a de multiples projets en tête où l’écriture tient une place essentielle. Younès Boucif s’empare de sujets sérieux avec une certaine ironie et beaucoup de malice. Il sort un album, Identité remarquable, le 7 octobre et le défendra dimanche 23 octobre au festival Ouest Park au Havre. Entretien.

Vous êtes rappeur et comédien. Pour le festival Terres de Paroles, vous devenez lecteur. Comment vous préparez-vous à cet exercice, cependant difficile ?

Je ne me rends encore pas bien compte de la difficulté de l’exercice. C’est la première lecture que je présente. Pour l’instant, je lis et je relis. Je réfléchis aux effets de voix, aux passages qui m’amusent ou qui me font vibrer. Je voudrais partager cela.

Vers quel genre littéraire allez-vous spontanément ?

En ce moment, ce sont les classiques qui me touchent. Et ce ne sont pas des classiques pour rien. Le Comte de Monte-Cristo, Les Trois Mousquetaires (d’Alexandre Dumas, ndlr), L’Idiot de Dostoïevski sont les derniers livres que j’ai lus. Les Misérables de Victor Hugo, c’est incroyable. En ce moment, je lis Voyage au bout de la nuit de Céline. J’avais tellement entendu parler de ce titre. Je me fais aussi plaisir avec des ovnis de la littérature comme L’Amour, c’est surcôté de Mourad Winter. C’est hyper frais. J’aime bien que l’on me recommande des livres.

D’où vient ce goût pour la lecture ?

Il est arrivé très tôt. C’est ma mère qui m’a donné le goût de la lecture. Je me souviens quand on descendait au Bled l’été, je prenais plein de livres. Je trouvais ça génial. Nous avions trois jours de voiture pour aller jusqu’au Maroc et je lisais. Les livres m’accompagnaient.

Comment toutes ces lectures influencent votre écriture ?

Quand je lis, je prends en photo mes pages préférées des livres. Certains passages me donnent envie d’en faire quelque chose. Je vais y puiser des idées. Cela se retranscrit dans les sons. Néanmoins, mes premières idées d’écriture viennent davantage de ce que je vis et ressens.

Est-ce que le texte a toujours tenu une grande importance ?

J’essaie d’être le plus exigeant possible. J’ai l’impression que le texte reste ma plus-value parce que je suis un piètre chanteur. Je n’ai pas une voix extraordinaire. J’attache une grande importance aux histoires, aux storytellings, aux punchlines… C’est ce que j’aime dans le rap.

Un album, Identité remarquable, sort le 7 octobre 2022. Quelle couleur avez-vous souhaité lui donner ?

C’est un album authentique. Il me ressemble. Je n’ai pas voulu faire un enchainement de sons, comme une play-list. Chaque morceau revêt une importance particulière pour construire un tout. La sortie de cet album va être un moment important dans ma vie et dans ma carrière. Il est l’aboutissement de quelque chose et le début de quelque chose d’autre. Depuis que j’ai 10 ans, j’ai envie de faire un album. Après sa sortie, je vais pouvoir faire le point et réfléchir à la manière dont j’envisage la suite. J’ai un projet d’écriture de livre.

Avez-vous envie de donner une place au cinéma ?

Oui, j’ai envie que cette place grandisse. J’ai envie de rôles bien écrits et surtout pas des clichés. J’aime bien ce mot, jouer. Et je l’entends au premier degré. Je veux que ma vie, mon travail, ce soit ça, jouer. Je veux garder cet amusement.

Où vous sentez-vous le mieux : seul en train d’écrire, sur une scène de concert ou sur un plateau de tournage ?

Je me sens plus à l’aise sur un plateau de cinéma que sur scène. Je suis comédien. Je n’ai pas encore trop percé dans la musique. C’est encore difficile d’être sur scène. En concert, il faut ramener le public à soi. Quand j’écris, je le fais pour moi. Ces moments permettent de me comprendre. Mais je n’oublie pas que je suis toujours dans une démarche de partage. Je vais au-delà de la conversation banale.

Infos pratiques

  • Samedi 1er octobre à 16 heures à l’abbaye de Jumièges. Tarif : à partir de 5 €. Réservation au 02 32 10 87 07 ou sur www.terresdeparoles.com
  • Dimanche 23 octobre à partir de 14 heures à Ouest Park au Fort de Tourneville au Havre. Gratuit