Deux « rois » en héritage

Photo : Simon Loiseau

Comment une époque marque-t-elle une génération ? Éléments de réponse dans la série sur les Huit Rois (nos présidents), une saga en six épisodes imaginée par la Compagnie des animaux en paradis. Deux d’entre eux, La Vie et la mort de J. Chirac, roi des Français et Génération Mitterrand, sont présentés les 12 et 13 janvier à L’Éclat à Pont-Audemer.

Il n’est pas question de dresser un bilan politique ou économique. Avec cette série sur les Huit Rois (nos présidents), la compagnie des animaux en paradis propose la photographie de plusieurs époques. Sur les « images » se retrouvent les membres d’une même famille sur quatre générations qui racontent leur rapport aux différents présidents de la Ve République. Le tout en six épisodes.

C’est Léo Cohen-Paperman, co-auteur et metteur en scène, qui a eu l’idée des Huit Rois (nos présidents). Une façon de « poursuivre un dialogue avec mon père qui était journaliste politique » et une envie d’écrire « un théâtre populaire et contemporain. Tout le monde connaît ces hommes. Dans la salle, cela crée une électricité, une communauté. Je suis un grand amateur de Shakespeare. Il écrivait sur les rois qui n’étaient pas si éloignés de lui ».

Avec la Compagnie des animaux en paradis, ce sont, avec une certaine ironie, Huit Rois. « Quand De Gaulle fait la Ve République, il dit : j’ai résolu un problème vieux de 150 ans. Il fait la synthèse entre une monarchie et une république. Il invente une figure présidentielle qui doit représenter le pays, incarne cet héritage monarchique. On se retrouve ainsi dans une espèce de paradoxe où on admire ces hommes tout en voulant les guillotiner. Il y a la puissance et la fragilité ».

Sur les six pièces de théâtre, à venir jusqu’en 2027, deux sont écrites. La compagnie joue La Vie et la mort J. Chirac, roi des Français et Génération Mitterrand jeudi 12 et vendredi 13 janvier à L’Éclat à Pont-Audemer. Dans la première, deux hommes rêvent de mettre en scène la vie de Jacques Chirac. « Chirac, c’est le président de mon enfance, confie Léo Cohen-Paperman. J’avais 7 ans quand il a été élu. Nous étions en train d’écrire le texte le jour de sa mort. C’est une espèce de clownerie ». La seconde réunit un ouvrier à Belfort, une journaliste à Paris et un enseignant à Vénissieux. Tous ont voté pour François Mitterrand le 10 mai 1981 et avaient beaucoup d’espoir. Avant les désillusions.

Cette série traverse également les modes, les musiques, les émissions de télévision et de radio, les esthétiques de ces décennies. Prochain épisode : Valéry Giscard d’Estaing, en cours d’écriture.

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