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Trois expositions sur le concours des Normands dans le commerce triangulaire

Théodore Géricault, "Radeau de la méduse", vers 1818
 © Réunion des Musées Métropolitains Rouen Normandie, musée des Beaux-Arts

Les Normands ont été des acteurs du système esclavagiste. C’est ce que rappellera cette exposition, Esclavage, mémoires normandes. À partir du 10 mai, trois sites culturels, le musée de la corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bondeville, le musée Eugène-Boudin à Honfleur et l’Hôtel Dubocage de Bléville au Havre, développeront ce chapitre de l’histoire à travers des thématiques différentes.

Comme ceux de Bordeaux et de Nantes, les ports normands ont été des points importants dans le commerce triangulaire. Ils ont en effet participé à ces entreprises commerciales esclavagistes. Selon les historiens, Le Havre, Honfleur et Rouen ont formé « le deuxième espace français de commerce esclavagiste après la Basse-Loire ». Un pan de l’histoire normande qui reste encore méconnu et fait l’objet de nombreuses recherches. 

Retour sur ce chapitre sombre dans une exposition, Esclavages, mémoires normandes, à partir du 10 mai, date de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition. Sa particularité : elle se déclinera dans trois lieux. À commencer par le musée de la corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bondeville pour évoquer L’Envers d’une prospérité. « Ce commerce n’a pas été seulement l’effet des financiers et des industriels. Il a concerné plus ou moins directement et consciemment toute la population rouennaise. Il y a eu la construction d’un écosystème qui a façonné notre territoire », remarque Laurence Renou, vice-présidente de la Métropole Seine Normandie en charge de la culture. Quelque 120 œuvres raconteront l’organisation du commerce et la vie des esclaves. 

Des œuvres contemporaines

À Honfleur, au musée Eugène-Boudin, ce sera D’une terre à l’autre. « La question sera traitée sous l’angle maritime pour parler de la tradition des premières expéditions vers le Cap-Vert, le Brésil et le Québec », annonce Caroline Thévenin, adjointe à la culture à la ville de Honfleur. Les 80 œuvres retracent les préparatifs des voyages, le départ des navires, la vie à bord… L’Hôtel Dubocage de Bléville au Havre réunira 200 pièces pour aborder les Fortunes et servitudes et revenir sur « l’implication de l’humain dans ce commerce, le contexte historique, le voyage de traite et le processus de déshumanisation », commente Fabienne Delafosse, adjointe en charge de la culture à la ville du Havre. 

Reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture, l’exposition Esclavage, mémoires normandes se complètera de « regards contemporains ». Nicolas Lo Calzo dessinera « une cartographie des mémoires ». Emmanuelle Gall, descendante d’une esclave affranchie partira à la recherche de ses ancêtres. Pascale Monnin remontera le fil de l’histoire d’Haïti. Elisa Moris Vai dressera des portraits pour réunir un héritage de l’esclavage. Les collages de Gilles Élie-Dit-Cosaque raconteront la créolisation d’un monde. Enfin Pier Sparta installera une œuvre inédite.

Infos pratiques

Esclavages, mémoires normandes

  • L’Envers d’une prospérité : du 10 mai au 17 septembre au musée de la corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bondeville
  • D’une Terre à l’autre : du 10 mai au 10 novembre au musée Eugène-Boudin à Honfleur
  • Fortunes et servitudes : du 10 mai au 10 novembre à l’Hotel Dubocage de Bléville au Havre