Le thème de la démocratie traverse L’Orestie, une œuvre d’Eschyle réécrite par Gurshad Shaheman. Même tragédie, mêmes personnages mais une époque et un contexte historique différents. Ensemble Catherine Marnas et Nuno Cardoso ont mis en scène cette grande fresque théâtrale qui a pour titre Pour Que Les Vents se lèvent. À voir les 4 et 5 avril au Préau à Vire.
L’Orestie, c’est trois tragédies écrites en 458 avant J.-C. par Eschyle. Ce récit raconte une série d’assassinats : celui du roi Agamemnon par son épouse Clytemnestre et son amant à son retour de Troie, celui de la reine par son fils exilé, Oreste, décidé à venger son père. Suivront des conflits que la naissance du droit et de la démocratie à Athènes parviendra à résoudre.
La démocratie reste un thème cher à Catherine Marnas, metteuse en scène et directrice du Théâtre national de Bordeaux en Aquitaine, et à Nuno Cardoso, metteur en scène et directeur du théâtre national São João à Porto. Tous deux ont passé une commande d’écriture à l’auteur et comédien, Gurshad Shaheman.
« Il a un sens du théâtre, des dialogues et des situations. Il a aussi abordé des thèmes très forts. Ce qui est intéressant, c‘est qu’il a eu la volonté d’interroger L’Orestie du côté des perdants et des victimes de la guerre. Ce sont les Troyens qui ont été massacrés après une ruse. Il a pris un autre angle de vue, celui des femmes. Gurshad est un féministe. Dans ce conflit, les femmes qui subissent le patriarcat ont été de grandes victimes. Clytemnestre est une mère qui voit sa fille, Iphigénie, être sacrifiée à des fins guerrières. C’est le point de départ de toutes les vengeances successives. Il écrit également un plaidoyer écologique. La mort d’Iphigénie est le symbole de la jeunesse sacrifiée », explique Catherine Marnas.
En deux langues
L’Orestie d’Eschyle devient Pour Que Les Vents se lèvent, une pièce de théâtre avec les mêmes personnages qui se retrouvent dans un Moyen-Orient dévasté par les nombreux conflits. L’auteur fait des hommes des politiciens qui savent manipuler l’information et régler les problèmes uniquement en allant faire la guerre. La plupart des femmes deviennent des figures de la résistance réclamant la justice.
Un texte et deux metteurs en scène qui ont collaboré dans le cadre de la Saison France-Portugal. « Cela n’a pas été simple mais très passionnant. Il y a notamment des différences dans les jeux d’acteurs. Nous nous sommes partagés la pièce. J’ai travaillé sur la première partie, Nuno, sur la deuxième. Et nous avons tricoté ensemble la troisième partie. Cela a demandé à chacun d’être bienveillant et à l’écoute », commente Catherine Marnas.
Les deux artistes ont constitué une troupe de comédiennes et comédiens français et portugais. « J’aime beaucoup les langues, confie la metteuse en scène. J’ai plusieurs fois travaillé sur des spectacles bilingues. Nous faisons entendre les deux langues dans un tel tissage que le public peut les comprendre. C’est un bel équipage » qui joue dans un columbarium, s’enfonçant dans le sol, où la démocratie est en regard de la mort.
Infos pratiques
- Mardi 4 et mercredi 5 avril à 20 heures au Préau à Vire
- Durée : 3 heures
- Spectacle en français et en portugais surtitré
- Tarifs : de 16 à 5 €
- Réservation au 02 31 66 66 26 ou sur www.lepreaucdn.fr