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La démarche plastique de Fred Margueron

L’image et la musique sont très liées dans le travail de Fred Margueron. Le photographe le démontre une nouvelle fois dans cette exposition, Persona, à découvrir jusqu’au 22 décembre au 106 à Rouen.

De grands formats

Sur les murs du 106 sont accrochés, plutôt scotchés, comme des affiches de concert, de grands portraits d’artistes. Il y a là Miah Moss, Museau, Ronnie’s Visit, La Maison Tellier, Tahiti 80, MNNQNS, Violet Indigo, Oceng Oryema. Dans ce travail, Fred Margueron se moque des codes du genre. Il place ces interprètes, musiciennes et musiciens, dans des postures peu naturelles, dans des lumières et des décors parfois irréels. Les couleurs peuvent y être vives ou froides. La photographie, qui est un travail de construction, devient ainsi une création plastique.

Comme un metteur en scène

C’est Persona, le titre de cette exposition. Un titre qui résume la démarche de l’artiste rouennais. « je fais toujours un lien avec le théâtre. Quand des artistes viennent me voir pour travailler sur leur image, je leur propose de créer un personnage de scène. Je ne veux pas faire d’images qui les présentent au naturel. Je préfère les installer dans une esthétique exacerbée et assumée. Ma volonté est de créer une sorte de surmoi » et raconter une histoire.

Pour y parvenir, Fred Margueron prend la place d’un metteur en scène. « Tout cela se travaille en amont. Il y a pas mal d’échanges avec les artistes pour comprendre leur univers, connaître leurs influences et leurs sensibilités. Il y a l’idée de coller à ce qui fait écho à la musique. Mais il est aussi possible de la transgresser. C’est un choix de départ et il nous faut trouver un terrain de rencontre ». Le photographe impose ensuite un cadre, puis « les laisse ensuite naviguer là-dedans ».

Des visages

Dans les photographies de Fred Margueron, le visage, ou une partie, est le plus souvent caché. « C’est ma façon de m’extraire du réel, du documentaire. Le visage est ce qui retranscrit le plus la personnalité. Alors une forme, une surface vont agrémenter la personnalité initiale ». Il y a cependant une exception, le portrait de Clément Durand de Roches noires. « Il est pleine face. Là, on est presque dans l’anatomie. On est tellement près de lui que l’on n’est plus dans le réel. C’est une autre façon d’amener du surréalisme. On voit le grain de sa peau, le reflet de ses yeux. On ne visualise plus sa personne, on voit un travail de surface ».

Entre photos et vidéos

« Je suis plus photographe que vidéaste ». Pourtant, Fred Margueron a réalisé plusieurs clips pour des artistes et groupes rouennais. Entre 2020 et 2023, il y en a eu 14. « J’ai toujours eu une appétence pour la photo ». Le Rouennais a commencé tout jeune quand il a récupéré l’agrandisseur de son grand-père et effectué ses premiers développements en noir et blanc. « J’ai trouvé cela magique ».

Depuis, il a aiguisé son regard, élaboré cette approche plastique si singulière et si reconnaissable. « La photo est plus proche de la peinture. Elle a une destination plus noble : elle illustre une pochette.. Elle est aussi plus intimiste, plus individuelle. Un clip, lui, amène à découvrir une narration par une succession d’images et a une notion plus éphémère ». 

Infos pratiques

  • Jusqu’au 22 décembre, du lundi au vendredi, de 12 heures à 18 heures et les soirs de concert, au 106 à Rouen
  • Entrée libre
  • Renseignements au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Aller voir l’exposition en transport en commun avec le réseau Astuce