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Quand la poussière devient une matière

photo : Salim Santa Lucia

C’est une exposition de Poussière. Sept artistes en donnent de multiples formes et couleurs à travers des œuvres réalisées pour ce Cycle du rien imaginé par la galerie Duchamp à Yvetot. C’est à voir jusqu’au 21 janvier 2024.

Comment définir le rien ? Les réponses sont multiples. La galerie Duchamp à Yvetot a élaboré un Cycle du rien pour tenter d’apporter des éléments à cette réflexion. Première étape : elle a pris comme exemple la poussière et demandé à sept artistes d’en déceler un sens, une beauté, une valeur. Présentée jusqu’au 21 janvier 2024, Poussière est une exposition singulière, riche tout en étant faite de presque rien.

Avec Samuel Buckman, la poussière devient une matière, telle une peinture, pour représenter des végétaux. Tout comme avec Yushin U Chang. L’artiste, originaire de Taïwan, a construit un paysage abstrait – Après La Pluie – à partir de fibres, de fil et de résidus de lin. Timothée Schelstraete révèle dans ses œuvres quadrillées les petits accidents lors du scan d’une image. Il garde précieusement toutes les poussières se trouvant sur la vitre de son scanner pour troubler une réalité. Les trois Gisants de papier de Chloé Poizat rappellent la destinée de tout être humain.

“Après La Pluie”, Yushin U Chang. photo : Salim Santa Lucia

Dans sa vidéo, Tu redeviendras poussière, Bertille Bak raconte le combat des anciens miniers et de leur famille. Tourné en 2017 dans le Pas-de-Calais, le film de 24 minutes montre l’ampleur des ravages de la silicose, la maladie qui se déclenche après l’inhalation de particules de silice. Entre documentaire et fiction, la petite-fille d’un mineur de fond met en avant une injustice. Celle vécue par des ouvriers à qui des médecins ont reconnu des taux de silicose bien inférieurs pour réduire ou éviter les compensations financières.

Au centre de la galerie Duchamp s’impose avec une certaine fierté le Loup de mai de Lionel Sabatté. L’artiste a réalisé sa sculpture avec les moutons de poussière récoltés dans la station de métro Châtelet-Les-Halles à Paris. Il donne ainsi vie à ces riens oubliés dans les couloirs et les quais. Lionel Sabatté poursuit là aussi la série de ses Poussiérographies. Sur une surface blanche, il sérigraphie sur une toile blanche des images d’arbres avec une encre transparente. Après l’application de matériaux issus du sol, la forêt dense et mystérieuse révèle toute sa poésie.

“Loup de mai”, Lionel Sabatté. photo : Salim Santa Lucia

Infos pratiques

  • Jusqu’au 21 janvier, 2024, tous les jours, du mercredi au dimanche, de 14 heures à 18 heures, à la galerie Duchamp à Yvetot
  • Entrée gratuite
  • Renseignements au 02 35 96 36 90 ou sur www.galerie-duchamp.fr