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L’autre monde de Zao Wou-Ki

Zao Wou-Ki, Hommage à Claude Monet - février-juin 1991, collection particulière

L’exposition, Zao Wou-Ki, les allées d’un autre monde, est un parcours dans une œuvre profonde et protéiforme. Présentée jusqu’au 26 mai aux Franciscaines à Deauville, en avant-première à Normandie impressionniste, elle réunit des pièces dévoilant la liberté d’un geste et les influences multiples d’un artiste.

« L’espace, la lumière, le mouvement, le souffle, tels sont pour moi les sujets permanents de ma recherche ». Durant toute sa vie, Zao Wou-Ki a ainsi appréhendé le vide avec la matière, vibrante, les couleurs, intenses, et surtout un geste, puissant. Chaque œuvre de l’artiste est une expérience et un écho poétique du monde. L’artiste a toujours poursuivi un objectif : « révéler les sens cachés, ceux de l’univers » sans oublier d’en souligner la beauté et l’harmonie.

Issue d’une famille aisée, Zao Wou-Ki (1920-2013) a reçu une formation classique et académique à l’école des Beaux-Arts de Hangzhou. Il arrive en France en 1948 avec ce bagage artistique traditionnel et va le confronter à la création occidentale. « La Chine sera toujours dans sa tête. Il va alors unir les deux cultures et les dépasser », remarque Gilles Chazal, professeur à l’école du Louvre, conservateur général du patrimoine et directeur honoraire du Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris. 

Trente ans de création

Zao Wou-Ki s’imprègne de la peinture de Picasso, Cézanne, Renoir, Monet, Matisse… Paul Klee est une révélation. Il rendra des Hommages à certains, aux poètes qu’il a croisés, Henri Michaux et René Char, et aux personnes qui lui sont chères. « La vénération des morts est un rituel que je porte en moi. Je le fais par nécessité pour accompagner l’âme de ceux, disparus, qui continuent ainsi à vivre à travers mes tableaux », écrit-il dans Autoportrait.

Présentée jusqu’au 26 mai aux Franciscaines à Deauville, dans le cadre de Normandie impressionniste, l’exposition, Zao Wou-Ki, les allées d’un autre monde, retrace le parcours, entre 1980 et 2010, d’un artiste aux multiples langages. Pendant cette période, Zao Wou-Ki produit des peintures à l’huile, des aquarelles, des encres, des porcelaines, des céramiques, des illustrations pour des recueils de poésie. Tout un ensemble exceptionnel qui montre la diversité et la profondeur d’une œuvre, néanmoins empreinte de mystère et tendant vers l’abstraction.

À voir ces magnifiques encres de Chine avec des gestes et des traits remplis d’une grande vitalité. Zao Wou-Ki y dévoile l’harmonie entre le yin et le yang, entre le blanc du papier et le noir de l’encre. Tout comme sur les porcelaines. Parmi les Hommages, il y a celui à Claude Monnet, peint en 1991, un triptyque en lien avec Les Nymphéas, l’autre à Françoise avec ces variations de rouge. L’exposition rassemble aussi les neuf aquarelles, inspirées de paysages et réalisées à la demande de l’architecte Roger de Taillibert pour un collège de La Seyne-sur-Mer.

En Normandie

Exposer l’œuvre de Zao Wou-Ki en Normandie a un sens. L’impressionnisme sera le premier courant pictural auquel le peintre chinois est confronté à son arrivée en France et un sujet de recherche. L’artiste est également un grand admirateur de Monet.

Entretien avec Yann Hendgen, directeur artistique de la Fondation Zao Wou-Ki.

Zao Wou-Ki dans son atelier vers 2000 – Photo @ DR

Infos pratiques

  • Jusqu’au 26 mai, ouvert du mardi au dimanche, de 10h30 à 18h30 aux Franciscaines à Deauville
  • Tarifs : de 13 à 5 €
  • Renseignements au 02 61 52 29 20 ou sur www.lesfranciscaines.fr