Estelle Meyer veut « niquer la fatalité »

Photo : Emmanuelle Jacobson Roques

C’est un texte féministe et politique. Niquer La Fatalité est un récit initiatique. Comédienne, chanteuse et danseuse, Estelle Meyer dresse un parallèle entre son parcours et celui de Gisèle Halimi, avocate et militante. Elle joue mardi 19 mars au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray et mardi 16 avril à la Scène nationale 61 à Alençon.

Quand Estelle Meyer apprend la disparition de Gisèle Halimi, elle est en répétition au théâtre de La Bastille à Paris. « Je me rends compte que je ne connais pas cette femme. Elle est juste comme un bruit de fond. Elle est dans mon inconscient, dans mon paysage ». Par curiosité, la comédienne part acheter Une Farouche Liberté, un livre d’entretien entre l’avocate et la journaliste Annick Cojean. « Je l’ai dévoré en une journée. J’attendais depuis longtemps ces mots qui comblaient un trou. Je me suis dit : cette femme est en avance. Elle est plus moderne que moi. Pendant toute sa vie, elle a défendu la femme. C’est la sororité en acte. Quand elle défend Djamila Boupacha, elle fait le procès de la torture. Lors du procès de Bobigny, elle s’engage pour la dépénalisation de l’avortement. Elle est l’histoire de toutes les femmes ». Elle lit ensuite tous les ouvrages de et sur la militante féministe.

Ces lectures ont vite déclenché une écriture parce que les douleurs et les blessures enfouies sont devenues vives. « La révolte est là en moi depuis toujours. Il y a eu une violence dans la famille. Son courage m’a donné du courage. Cette femme s’est hissée à la force de ses poignets, confie Estelle Meyer. J’ai écrit fébrilement, rageusement. Gisèle Halimi a eu l’insolence de tout niquer ». D’où le titre de cette pièce, Niquer La Fatalité, mise en scène par Margaux Eskenazi et jouée par Estelle Meyer au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray et à la Scène nationale 61 à Alençon. 

Les premières fois

La fatalité, celle induite par le poids du patriarcat. Estelle Meyer marche dans le sillage de Gisèle Halimi et va jusqu’à l’interpeler en ouverture du spectacle. « Gisèle, s’il m’arrive quelque chose de grave, tu me défendras ? – Je te le promets – Même si tu es morte ? – Même si je suis morte… C’est un pacte entre nous ». La comédienne explore ainsi tout le « continent féminin » avec les premières fois, les questions du corps, les violences, les dilemmes entre les désirs de maternité et de se réaliser, les luttes, les révoltes… 

Alors Niquer La Fatalité est « le lieu de la consolation, un talisman. Ce continent a le droit à une réparation, à une réhabilitation ». Estelle Meyer raconte les parts intimes, la pluralité au féminin avec gravité, poésie, tendresse et humour. Dans ce rituel, la musique de Grégoire Letouvet et Pierre Demange accompagne cette marche sur ce chemin de la liberté. Comme la danse. Estelle Meyer, derviche tourneuse, emmène alors dans une transe.

Infos pratiques

  • Mardi 19 mars à 20h30 au Rive Gauche à Saint-Étienne-du-Rouvray. Tarifs : de 18 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 91 94 94 ou sur www.lerivegauche76.fr
  • Mardi 16 avril à 20 heures à la scène nationale 61 à Alençon. Tarifs : de 20 à 6,50 €. Réservation au 02 33 29 16 96 ou sur www.scenenationale61.fr
  • Durée : 1h40