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Retour sur la vie d’artiste

Photo : Photolosa

Dans une œuvre d’autofiction bien romancée, jouée mardi 26 mars à L’Éclat à Pont-Audemer pendant le festival Spring, Édouard Peurichard, artiste de cirque aux multiples facettes, convie à une rétrospective de son parcours professionnel. Au fil d’un monologue ponctué d’humour et de tendresse, il dévoile son intimité artistique et partage des bribes de sa passion pour l’art du cirque.

Remettant en question les perceptions de la performance, ce Repos du guerrier, loin de l’expression habituellement connotée de façon misogyne, évoque ici le dépôt des armes, une pause dans la bataille incessante de la création artistique. C’est un témoignage, partagé par Édouard Peurichard, sur les épreuves traversées, les émotions partagées, les doutes surmontés et les instants de grâce saisis au vol. Entre les traits d’humour, il faut discerner les contours d’une personnalité attachante, le goût du lien avec autrui, l’envie de hisser sa propre pratique au niveau des chocs esthétiques qui l’ont déterminé lui-même en tant qu’artiste.

« C’est tout bonnement mon parcours, ou plus précisément comment j’en suis arrivé là, que je raconte dans Le Repos du guerrier. C’est mon choc de spectateur quand je découvre, adolescent, le travail du danseur performeur queer Miguel Gutierrez sur scène. Il y a aussi mon inconscience à me laisser tomber d’une table à 1,50 mètre de hauteur sans chercher à me rattraper pour mon premier numéro de cirque, ma double inconscience à refaire ce même numéro 122 fois, mon émotion à accompagner les premiers pas d’un élève sur scène, Xavier, un jeune adulte en situation de handicap, Françoise, une vieille dame du gérontopole, et Gilles, un homme aveugle… Il y a aussi mes doutes face à Arnaud, mon complice dans le spectacle Dans Ma Chambre, et ma main qui tremble avant de lancer douze couteaux autour de son corps, tout ça tout ça… »

Un parcours en plusieurs étapes

Le Repos du guerrier est le parcours d’un acrobate sur les rotules, lanceur de couteaux douteux, vidéaste amateur, qui tente de re-jouer les moments les plus marquants de sa carrière. Les scènes déployées oscillent entre vécu, fantasmes et parfois même plagiat, offrant ainsi une vision panoramique de toute une génération de circassiens, qu’ils soient amateurs ou professionnels, traditionnels ou contemporains. Mais Le Repos du guerrier ne se limite pas à un simple récit solitaire, et le circassien, avec une ingéniosité déconcertante, implique le public dans son voyage introspectif. Chaque numéro, aussi court soit-il, raconte une histoire et dévoile une part de vérité sur ce que le théâtre comme le cirque, disent de chacun.

À travers ce patchwork drôle et touchant, Édouard Peurichard célèbre l’amour du spectacle, et rappelle la beauté et la fragilité de l’art de la performance. Il livre un témoignage vibrant, drôle et authentique, qui ne manquera pas de séduire et toucher les spectateurs.

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