Isaac Delusion : « j’ai pu faire disparaître mes démons »

Photo : DR

La précédente tournée s’est arrêtée avec l’arrivée de la crise sanitaire. Pour les membres d’Isaac Delusion, ce fut une grande désillusion. Une désillusion qui a amené de réels doutes sur l’avenir du groupe. Dans le cœur de chaque musicien brûlait cependant une petite flamme. Le silence a imposé quelques remises en question et suscité des envies. Celles à nouveau d’écrire et de composer pour Loïc Fleury, chanteur et guitariste, désormais installé en Bretagne. Lost And Found est sorti en janvier 2024. Le quatrième album d’Isaac Delusion, avec sa pop-électro mélodique, évoque la profondeur des sentiments entre des amoureux, des amis, au sein de la famille. Il y a bien évidemment les petits bonheurs mais aussi les doutes que chante Loïc Fleury d’une voix plus ample. Isaac Delusion sera en concert jeudi 28 mars au 106 à Rouen. Entretien avec le chanteur et guitariste.

Vous avez écrit un quatrième album avec des énergies différentes. D’où vient ce changement ?

J’ai changé de cadre de vie. Avant j’habitais en région parisienne mais j’ai des origines bretonnes. Petit, je suis régulièrement allé en Bretagne et je partais naviguer avec mon père. Je reste un passionné de sports nautiques. Comme je suis devenu papa très tôt, à 27 ans, avec ma compagne, nous nous sommes dit qu’il était préférable d’offrir une enfance plus apaisée à notre fils. Juste un an avant le Covid, nous nous sommes installés en Bretagne. Nous avons été quelque part assez visionnaires puisque beaucoup ont quitté Paris pendant cette période-là. En ce qui concerne le marché de la musique, il a complètement été bouleversé. Isaac Delusion avait déjà 10 ans au moment de la pandémie. Tout est allé très vite. Nous étions les survivants des groupes des années 1990. Tout cela s’est mélangé dans nos têtes et il était devenu très compliqué de se projeter. D’autant que les partenaires se désintéressaient d’Isaac Delusion. J’ai néanmoins continué à faire de la musique.

La Bretagne est-elle pour vous la région idéale pour travailler ?

La Bretagne est la terre appropriée pour faire de la musique. Elle permet de retrouver une paix, une sérénité. Nous sommes coupés de tout. Il est ainsi possible de flotter dans le vide, de se perdre pour mieux se retrouver. Après avoir passé cette phase d’errance, je me suis mis à écrire ces titres sincères.

La Bretagne peut apparaître comme mystérieuse. Y a-t-il aussi un lien ?

Nous sommes d’ailleurs proches de Carnac, à un endroit classé parmi les dix sites les plus mystérieux au monde. C’est une curiosité fascinante. C’est magnétique. Et on ne sait pas d’où cela vient. Ces alignements sont des vestiges d’un autre temps. Nous vivons dans cet autre temps. Nous avons même un mégalithe dans notre jardin. Il y a quelque chose de mystique, de profond, de sauvage aussi. Quand on va en Bretagne pendant les vacances, on savoure sa beauté. Quand on y vit, on est impacté par cette puissance, notamment l’hiver. Évidemment, cela a joué sur ce disque. J’ai aussi fait un travail introspectif, spirituel.

D’où cette forme plus apaisée dans le disque ?

Oui parce que je suis plus apaisé. Dans les albums précédents, les thématiques étaient plus sombres. Nous parlions de frustrations, de mal-être… Les morceaux étaient assez dark. Maintenant que je mène cette vie dans un environnement merveilleux, que je suis connecté à la nature, je vis de belles choses. Grâce à la spiritualité, je suis une autre personne. J’ai pu faire disparaître mes démons.

Cela s’entend aussi dans votre voix.

Oui, bien sûr. J’ai essayé de ne pas tomber dans des travers. Chanter, c’est compliqué. Pour ce disque, je suis allé dans des tonalités plus naturelles. Je n’ai pas eu besoin de forcer. Avec l’expérience aussi, je parviens à placer ma voix différemment.

La Bretagne vous a-t-elle invitée au rêve ?

C’est tout le propos de notre musique. Avec ce disque, nous sommes dans l’onirisme, le rêve. Le fait d’avoir une vie apaisée permet de ralentir les choses. Jusqu’alors, nous avons beaucoup enchainé les disques et les tournées. Grâce à la pandémie, tout s’est arrêté et nous avons pu faire des choses que nous ne pouvions pas faire. J’ai pu me concentrer sur ce côté onirique, sur le rêve… C’est ce que cela m’a inspiré. Je me suis mis à rêver. J’ai beaucoup dormi et j’ai beaucoup rêvé. De plus, j’ai tendance à entendre des mélodies dans mes rêves.

Pourquoi avez-vous choisi de travailler avec LUCASV ?

Depuis le début du projet, nous étions dans un cercle fermé. Nous travaillions avec les gens de notre entourage. Je pense que nous étions arrivés au bout d’un cycle. Il était alors nécessaire d’ouvrir le cercle pour renouveler la musique et ouvrir des inspirations. LUCASV est une personne très douée, impressionnante. Il sait tout faire. Il a apporté un coup de fraicheur à la musique. Il a apporté la vision de quelqu’un qui a dix ans de moins que nous. Il a mélangé cette pop avec cette musique urbaine. C’était hyper intéressant.

Infos pratiques

  • Jeudi 28 mars à 20 heures au 106 à Rouen
  • Première partie : Saint DX
  • Tarifs : de 25 à 16 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
  • Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce