Reconstruction en milieu rural

La rencontre entre Pierre (Kristen Billon) et Bertrand (Théo Christine) sera déterminante / Photo : Wild Bunch Distribution

Après Le Skate moderne, Antoine Besse signe Ollie, un premier long-métrage émouvant sur fond de skateboard à la campagne. Le film sort sur les écrans de cinéma mercredi 21 mai.

Le cinéma permet à chacun de se glisser dans des univers différents même quand, a priori, ils ne nous intéressent pas. Après les coulisses du foot dans le Mercato de Tristan Séguéla et Les Arènes de Camille Perton, après les répétitions peu tempérées d’un quatuor en ébullition dans Les Musiciens de Grégory Magne, nous découvrons aujourd’hui le monde du skateboard dans Ollie d’Antoine Besse. Le premier long-métrage de ce réalisateur de 33 ans, n’est pas sans rappeler Le Skate moderne, son premier court, entre fiction et documentaire sur la vie des skateurs à la campagne.

Ollie a pour héros un ado de 13 ans, dont on fait la connaissance dans la période la plus difficile de sa jeune vie : sa mère vient de mourir et Pierre doit revenir vivre avec son père (Cédric Kahn), agriculteur qui connaît des difficultés financières, comme tant d’autres. Pour ne rien arranger, le petit nouveau se fait harceler au collège. Pierre trouvera réparation dans sa passion : le skateboard. 

Lui-même skateur dans l’âme depuis l’enfance, Antoine Besse a eu envie de partager sa passion pour cette activité à la fois sportive et artistique, bien connue en territoires urbains mais moins répandue en milieu rural. Pour incarner son héros, Antoine Besse n’a pas choisi n’importe qui puisque Kristen Billon est champion de France en la matière. D’ailleurs, en 2023, on a déjà pu remarquer ses compétences dans Quand tu seras grand d’Andréa Bescond et Eric Métayer. Ici, le plus dur pour lui aura sans doute été de rater ses figures — l’une d’elle, l’ollie, donne son titre au film — pour nous montrer l’évolution de son personnage. 

Une crise agricole

L’un des points forts d’Ollie, c’est de nous amener à la campagne, comme le faisaient récemment La Pampa d’Antoine Chevrollier ou encore Vingt Dieux de Louise Courvoisier, avec des jeunes portés par une passion, que ce soit la moto, le comté ou le skate. Et s’ils mettent en avant ces passions, les réalisateurs ne négligent pas pour autant la réalité économique et sociale des territoires dans lesquels ils tournent : ici Antoine Besse filme en arrière-plan la crise qui touche les agriculteurs avec un père toujours occupé et préoccupé, souvent pris sur le terrain ou au téléphone, présent mais jamais disponible pour son fils. Une situation qui justifie le sentiment de solitude de Pierre.

Le skate devient un prétexte pour évoquer des personnalités faisant face à l’adversité. Personne ne parierait un euro sur Bertrand (Théo Christine), marginal barbu, aux longues dreadlocks, mal dans sa peau, qui cache un passé douloureux. Pourtant, sa rencontre avec Pierre sera déterminante. Ces deux-là vont s’aider à se dépasser et se reconstruire, comme, faute de skatepark, on se fabrique des modules et des tremplins avec de vieilles planches en bois. Bref, ça bricole et c’est émouvant.