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« La Clémence de Titus » en version concert

photo : Arnaud Bertereau

La Clémence de Titus était à l’affiche de l’Opéra de Rouen Normandie. Avec le deuxième confinement, une partie de la programmation de la saison est annulée. Non seulement l’œuvre de Mozart a été enregistrée mais l’orchestre de l’Opéra, dirigé par son directeur musical, Ben Glassberg, en interprétera des extraits vendredi 20 novembre. Un concert filmé à voir et à entendre sur le site de l’Opéra.

« Cette année est la plus difficile ». Ben Glassberg oscille entre l’enthousiasme, la peur et la colère. Le maestro porte un regard dur sur son pays. « En Angleterre, rien n’est fait pour la culture. C’est comme si elle n’existait pas. Il n’y a aucune aide de la part des institutions. J’ai peur pour mes amis, chefs d’orchestre, chanteurs, musiciens qui ne peuvent pas travailler depuis huit mois. Beaucoup vont devoir changer de métier. En France, la culture est considérée comme essentielle . Elle est soutenue. C’est incroyable ».

Au poste de directeur musical à l’Opéra de Rouen Normandie depuis le début de la saison 2020-2021, Ben Glassberg estime alors être « chanceux ». Il peut travailler et ce travail est sa « raison d’être ». Pendant le printemps et l’été, sans concert, « je déprimais. Jouer de la musique me manquait. Tout comme rencontrer les musiciens, le public… J’ai pu jouer de la musique seul sur le piano. Mais c’est différent. Il me manquait cette énergie que l’on peut ressentir quand on entre dans la salle. Comme je travaille beaucoup, il m’est déjà arrivé de dire : comme j’aimerais prendre des vacances ! Là, j’ai envie de travailler ».

 » Une pièce très profonde, pleine d’humanité « 

Le maestro a eu un emploi du temps bien rempli depuis le début de l’automne. À partir de ce vendredi 20 novembre, l’Opéra de Rouen Normandie propose chaque semaine un concert enregistré, à suivre sur son site. La série commence avec La Clémence de Titus. Un opéra de Mozart que Ben Glassberg connaît bien parce qu’il ne cache pas son admiration pour le compositeur autrichien et qu’il a dû remplacer à ses débuts professionnels un chef malade. « La Clémence de Titus est un chef-d’œuvre. Mozart l’a écrit pendant La Flûte enchantée mais il est beaucoup plus intéressant. C’est une pièce très profonde, pleine d’humanité. À son écoute, on ressent que Mozart a compris la psychologie des êtres, les relations humaines ». Sans oublier les thématiques de l’amour et du pouvoir. « Et évoquer le pouvoir aujourd’hui est très important. Certains leaders dans le monde en abusent de ce pouvoir. On voit bien ceux qui veulent le pouvoir pour le pouvoir. Comme aux États-Unis ».

Dans La Clémence de Titus, composé en 1791, Vitellia est follement amoureuse de Titus. Lorsqu’elle apprend que le nouvel empereur de Rome envisage de se marier avec Bérénice, elle met en œuvre un complot contre lui. Pour le mener à bien, elle fait appel à Sextus, ami de Titus et secrètement épris de Vitellia. 

Ben Glassberg a réuni l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie et cinq chanteuses et chanteurs, Nicky Spence, Simona Saturová, Anna Stéphany, Chiara Skerath, Antoinette Dennfeld et David Steffens pour l’enregistrement d’une version concert de La Clémence de Titus. « Cela m’a permis de faire la dramaturgie tout seul et j’ai beaucoup aimé cela. J’ai souhaité faire entendre l’histoire. Pour cela, il faut suivre la partition. Tout y est écrit ». Vendredi 20 novembre, il donne à entendre des extraits de l’opéra de Mozart lors d’un concert déjà filmé. « La réalisation est très bonne et donne un point de vue différent de l’œuvre. Cet enregistrement va permettre une plus grande accessibilité à la musique ».

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