Des « Itinéraires abstraits » au MuMa

"Sphère-trame" de François Morellet

Dans cette nouvelle exposition, de nombreuses œuvres ont été très peu présentées. Le MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre, les ressort de ses collections pour dessiner ces Itinéraires abstraits. À découvrir jusqu’au 31 mars 2024.

C’est une nouvelle et belle traversée dans les collections du MuMa. Depuis 2019, la saison au musée du Havre commence par une exploration thématique d’œuvres peu montrées. Après Reynold Arnould et le nouveau musée du Havre, Voyages d’hiver et À L’École de Charles Lhullier, cette exposition, visible jusqu’au 31 mars 2024, propose de revenir sur l’abstraction. « La moitié des collections du musée sont constituées d’œuvres des XXe et XXIe siècles, rappelle Clémence Poivert-Ducroix, attachée de conservation. Les conservateurs et conservatrices ont eu un intérêt pour la création contemporaine. Ils ont regardé les œuvres de leur temps. L’abstraction est un courant crucial au XXe siècle et a animé tous les débats à partir de 1910 ».

Il y a eu plusieurs voies dans ce courant pictural. Sans en retracer fidèlement l’histoire — le propos n’est pas là — le musée d’art moderne André-Malraux donne à voir ses chefs-d’œuvre dans Itinéraires abstraits et la manière dont les artistes expriment leurs émotions avec la matière, la couleur, la ligne, la forme, le rythme, la lumière… Point de départ vers ces chemins de l’abstraction : la nature morte avec Composition aux clés de Fernand Léger et Peinture familière d’Albert Gleizes qui offrent une interprétation d’une réalité.

Le paysage, aussi

Le paysage n’échappe pas aux artistes. « C’est une réflexion sur la surface picturale, une reconstitution sur la toile d’une nature. Un travail initié par les impressionnistes », commente Clémence Poivert-Ducroix, commissaire de l’exposition. Zoran Mušič rejoue et revit les paysages de son enfance. Il cherche une douceur pour tenter d’apaiser le traumatisme de la déportation. Nicolas de Staël peint Paysage, Antibes en 1955. C’est une sensation avec de mystérieux effets de couleurs et de lumières. Magdeleine Vessereau revient à l’essence du paysage avec quelques lignes au fusain. 

Il ne pouvait pas y avoir d’Itinéraires abstraits sans Geneviève Asse. Son nom est associé à ce bleu, si distinctif, qui va envahir l’ensemble de la toile. La peintre explore l’espace et la lumière. Avec Horizontale, l’artiste poursuit sa démarche vers le bleu qu’elle mêle à des nuances de gris. Elle traverse sa toile juste d’une ligne lumineuse avec une barre métallique de ce même bleu. Horizontale hypnotise.

Le rythme est essentiel pour les peintres issus de l’abstraction géométrique ; comme dans Tensions de Jean Hélion ou Vue d’en haut de Léon Gischia. Certains peuvent s’extraire d’une réalité, voire d’un temps, alors que les autres la regardent à la loupe. Il y a là seulement les formes, les couleurs, aussi les signes avec Chu Teh-Chun et le volume avec Ladislas Kijno. L’itinéraire se termine avec la Sphère-Trame de François Morellet, qui crée des effets visuels.

« Peinture familière » d’Albert Gleizes, 1923, « Composition aux clés » de Fernand Léger, 1929

« Paysage, Antibes », 1955, de Nicolas de Staël

« Horizontale », 1978, de Geneviève Asse

« Tensions », 1932, de Jean Hélion

« Noirlac », 1953 de Maurice Estève et « Vue d’en haut » de Léon Gischia

« Perspective blanche » de Magdeleine Vessereau

Infos pratiques

  • Du samedi 28 octobre au 31 mars 2024, du mardi au vendredi de 11 heures à 18 heures, les samedi et dimanche de 11 heures à 19 heures, au MuMa, musée d’art moderne André-Malraux au Havre
  • Tarifs : 7 €, 5 €
  • Renseignements au 02 35 19 62 62 ou sur www.muma-lehavre.fr