Étienne Charry : « une performance est un tableau vivant »

photo : DR

Pour fêter les 10 ans de son label Catalogue, Étienne Charry donne un concert vendredi 29 mars au Portique au Havre. Au répertoire : les pièces musicales d’Angus Trémola, compositeur classique, interprétées avec les musiciens du conservatoire Arthur-Honegger. Les danseurs du Phare en donneront leur vision et le public aura aussi sa place dans cette performance filmée. Musicien et plasticien, Étienne Charry crée un univers aux multiples références. Il y a beaucoup de second degré, du kitch, de la fantaisie et une poésie sauvage dans ses créations. Pour chaque projet musical, il invente un personnage et tout un environnement plastique, exposé également au Portique qui réunit de nombreuses pochettes d’album et des instruments de musique. Entretien avec Étienne Charry.

Vous avez intitulé votre résidence au Portique, Dans Les Coulisses de la création. Pourquoi est-ce important pour vous de faire découvrir l’envers du décor ?

J’aime bien rendre transparentes les idées qui ne le sont pas vraiment. Cela a un lien avec cette histoire de démystification. J’ai envie de transparence, de révéler une forme de vérité. Et je le fais avec une forme d’envie artistique. 

Comment envisagez-vous les performances ?

Lors d’une performance, il est possible de faire évoluer un personnage dans le temps et dans l’espace. En fait, une performance est un tableau vivant.

Comment la musique est arrivée dans votre travail de plasticien ?

C’est l’expérience du dessin qui m’a amené à la musique. Comme je me débrouillais pour dessiner, je suis allé en section Arts plastiques. J’ai découvert la musique avec les copains. C’était l’époque du punk. À ce moment-là, on n’avait pas besoin de savoir bien jouer. Mon expérience de l’image m’a servi dans la musique parce qu’il y a plein de choses transposables dans la façon d’appréhender la création. L’attention est mobilisée. La sensibilité est touchée de manière suffisamment forte par des informations pour en faire quelque chose.

Quelles étaient vos envies musicales ?

Il y a juste le plaisir de faire de la musique. J’ai fait partie d’un groupe. Je n’avais pas en tête de sortir des albums. Il y en a eu deux. Nous avons d’ailleurs été gâtés parce que des grands médias se sont intéressés à nous. Ensuite, j’ai fait de la musique pour l’image. J’ai composé deux albums tout seul et dans des conditions différentes.

Comment est née cette idée de Catalogue ?

C’est un grand espace de liberté. Catalogue a 10 ans. Je suis parti de ce qui me convenait pour avancer. Je ne m’interdis rien. C’est un petit univers en expansion.

Pour chaque projet musical, vous créez un personnage. Pourquoi ?

Cela me permet d’explorer les recoins de mon imagination et de mes inspirations, d’assumer tout ce que je fais pour me dépasser. C’est une forme de stratagème.

Qui est Angus Trémola ?

C’est un compositeur inventé qui écrit de la musique classique. J’ai eu envie de creuser ce répertoire. Angus Trémola n’apparaît pas sur scène. Il est juste présent à travers sa musique. Les spectateurs sont assis et vont jouer leur rôle de public.

Infos pratiques

  • Vendredi 29 mars à 20 heures au Portique au Havre
  • Entrée libre
  • Renseignements au 09 80 85 67 82 ou sur www.leportique.org