Antoine Schoumsky : « Oui, les métalleux ont de l’humour »

photo : Laura Gilli

Dedo et Antoine Schoumsky, plutôt incisifs, n’ont pas voulu choisir entre musique et humour. Les voilà réunis dans Princesses Leya — personnage de Star Wars jouée par Carrie Fisher — un quatuor de métal déjanté et survolté qui raconte L’Histoire sans fond, complètement loufoque. Le récit : sur une planète, des êtres ont oublié qu’ils avaient des cerveaux et se laissent manipuler par un tyran capitaliste. Sur l’album, c’est une suite de chansons et de sketches. Sur scène, L’Histoire sans fond devient une comédie musicale explosive. Les Princesses Leya sont vendredi 28 janvier à La Traverse à Cléon. Entretien avec Antoine Schoumsky.

Dans L’Histoire sans fond, il y a une chanson, Je vous emmerde et je rentre à ma maison. Vous avez été copié.

Oui, nous avons initié un mouvement. Je ne sais pas si nous avons initié la bonne personne mais nous sommes bien obligés de regarder cet élan.

Avec Princesses Leya, vous n’avez pas voulu choisir entre humour et musique.

Nous venons de là. J’ai depuis très longtemps ce projet de groupe qui associe musique et humour. Au sein des Insolents avec Pierre-Emmanuel Barré, Blanche Gardin, Aymeric Lompret, j’ai vu que Dedo chantait. Princesses Leya s’est monté de manière naturelle avec lui. Nous jouons sans la prétention d’être des virtuoses. Ce groupe est aussi l’occasion de casser les clichés sur le métal. Quand il est présenté à la télé, c’est pour montrer une vision caricaturale. Nous y ajoutons de l’humour, un autre vecteur, pour amener une culture à des personnes qui ne la connaissent pas. Oui, les métalleux ont de l’humour.

Vous faites aussi sauter les codes de la chanson française.

Oui, nous ne sommes pas dans la chanson traditionnelle. Même si dans La Vieillesse, il y a néanmoins un clin d’œil à Brassens. C’est une chanson très écrite. Par ailleurs, nous ne voulons rien inventer dans la chanson humoristique. Il y a des titres et des blagues débiles.

Vous avez évoqué les clichés dans le métal. Est-ce qu’on ne commence pas à les dépasser ?

Oui, on commence à les dépasser. Le Hellfest y contribue. C’est tout de même le festival qui est complet une année à l’avance. Quand certaines émissions évoquent le festival, c’est pour montrer des culs de personnes qui braillent. Et quand vous voulez écouter du métal, il faut attendre sur les radios 22 heures ou 23 heures. Le métal reste encore cette petite chose très connotée. Nous n’avons quand même pas beaucoup avancé depuis les années 1980. Il y a une nouvelle tendance, d’autres codes vestimentaires avec la jeunesse.

Pourquoi souhaitez-vous raconter une histoire sur l’album et sur scène ?

C’est un projet qui n’est pas facile à définir. On nous a souvent comparés à Ultra Vomit. Nous avons une histoire à développer. S’il n’y avait eu que les chansons sur le disque, nous aurions trompé les gens sur le contenu. C’est une aventure sonore.

Une aventure qui tisse quelques ressemblances avec la société.

Oui, il y a des signes annonciateurs. Ce sont des questionnements sur la société d’aujourd’hui avec son lot de violence, d’agression et de restrictions. Tout cela est effrayant. Il faut à tout cela rajouter l’ambiance Covid. Ce monde devient bizarre. Dans ce contexte, il faut cependant rester léger pour avoir autres choses en tête. Je pense aussi aux prochains mois qui arrivent. Il faut serrer les fesses.

Est-ce que l’absurde est le ciment de Princesses Leya ?

Avec Dedo, nous avons des humours différents. L’absurde est en effet l’endroit où l’on se retrouve. C’est le meilleur exercice d’humour pour entrer dans un sujet politique ou de revendication. Il y a aussi quelque chose d’enfantin. Quand nous nous retrouvons au sein du groupe, nous avons un âge mental qui frôle les 10 ans.

Quelle est la part d’improvisation ?

Elle a une importance. Sur scène, nous avons un canevas bien carré. Notre histoire est très écrite. Nous nous réservons quand même des petits moments pour nous faire des croche-pieds. Et cela se passe avec le public.

Infos pratiques

  • Vendredi 28 janvier à 20h30 à La Traverse à Cléon
  • Tarifs : de 15 à 8 €. Pour les étudiants : carte Culture
  • Réservation au 02 35 81 25 25 ou sur www.latraverse.org
  • photo : Laura Gilli